La députée du bloc parlementaire du mouvement de Nidaa Tounès, Ons Hattab, et le député du bloc d'Al Horra d'Al Machroû, Sahbi Ben Fradj, ont annoncé, mercredi soir, la création d'un nouveau bloc au sein de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Un Front qui regroupera les forces démocratiques et progressistes au sein du parlement dont l'objectif principal est de créer l'équilibre sur la scène politique. La présidente du bloc parlementaire d'Afek Tounès, Rym Mahdjoub, a confirmé cette nouvelle en déclarant que l'annonce officielle de la création de ce Front aura lieu la semaine prochaine lors d'une séance plénière. Toutefois, deux députés du bloc Al Watania, à savoir Bochra Bel Hadj Hamida et Sabrine Goubantini, se sont exprimées pour dénoncer l'exclusion de leur bloc alors qu'ils sont en pleines négociations avec les concernés. Réagissant à cette nouvelle, le directeur-exécutif du mouvement de Nidaa Tounès, a publié un communiqué où il a indiqué que son mouvement n'a aucun lien avec la nouvelle initiative et que seuls les communiqués signés par lui-même, traduisent les nouveautés et les prises de position du Nidaa. Caïd Essebsi junior est même allé jusqu'à déclarer que tout député ayant signé l'accord du nouveau front parlementaire peut considérer qu'il ne fait plus partie du bloc parlementaire ni des différentes structures du mouvement. Contacté par Le Temps, l'un des élus de Nidaa Tounes nous a affirmé que dix députés ont déjà signé l'accord en question. Ainsi, le nouveau Front sera formé par les députés d'Afek Tounes, d'Al Horra, de dix élus du Nidaa et de quelques autres indépendants. Selon notre source, ce Front compte collaborer afin d'unifier les positions et les votes parlementaires pour contrer les équilibres actuels au niveau du parlement. Ainsi, Zohra Driss, Moncef Sallemi, Kamel Hamzaoui et Wafa Makhlouf se retrouvent aujourd'hui sur la touche de leur mouvement après le communiqué de Hafedh Caïd Essebsi. Cependant, et si certains de ces députés risquent de revenir en arrière et de se délaisser de cet engagement, d'autres semblent déterminés à aller de l'avant et à affronter cette alliance qu'ils jugent illégitime entre Ennahdha et Nidaa Tounes. Cependant une telle alliance est devenue tellement intense que les deux mouvements ont convenu de présenter un seul candidat pour les élections législatives partielles en Allemagne. Aen croire les déclarations de Raouf Khamessi, le candidat de Nidaa Tounes, Faycel Haj Taïeb, serait le candidat consensuel en faveur de qui voteront les électeurs Nahdhaouis et Nidaïstes. L'idée de la création du Front – bien qu'elle ne soit pas nouvelle puisque Mohsen Marzouk en a parlé lors de la fondation de son parti politique l'année dernière – arrive dans un moment critique pour les deux grands mouvements qui sont en train de tout faire côté communication afin de présenter au mieux leur alliance au niveau de l'opinion publique. Un nouveau Front centriste, progressiste et démocrate remettrait Nidaa Tounes dans sa réelle posture ; un parti dont les vrais fondateurs ont quitté le navire et réduit aujourd'hui à suivre Ennahdha dans ses moindres faits et gestes afin qu'il puisse garder un pied stable sur l'échiquier politique. Cette nouvelle entité parlementaire risque de grandement nuire aux deux mouvements ce qui les amènerait, tous deux, à aller vers plus de menaces et de prises de positions houleuses. Ceci finira certainement par déstabiliser le gouvernement d'union nationale au moment où il s'apprête à défendre son projet de loi de Finances 2018.