L'Union des professeurs universitaires chercheurs tunisiens (Ijaba) a lancé un mot d'ordre de grève administrative ouverte dans toutes les universités durant la session principale des examens, prévue en janvier 2018, selon un communiqué publié hier par ce syndicat indépendant. Cette décision de grève, qui impliquerait la rétention de notes, la non participation aux jurys et le refus de faire parvenir à l'administration des formulaires, rapports et documents divers, a été prise lors d'une réunion tenue les 4 et 5 novembre courant, a-t-on précisé de même source. Le recours à ce débrayage est motivé par la «dégradation continue des conditions matérielles et morales » des universitaires et un manque de réactivité total du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. «Les participants à la réunion tenue le week-end dernier sont déçus par l'indifférence du ministère de l'Enseignement supérieur face à leurs revendications et propositions pour améliorer leur situation, et ce malgré les activités revendicatives organisées depuis le début de l'année en cours», souligne l'Union dont les positions et les revendications ne sont pas soutenues par la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS) rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). «La situation matérielle des enseignants chercheurs ne cesse de se détériorer depuis la fin des années 90. Durant les vingt dernières années, les augmentations salariales dont ils ont bénéficié étaient mal étudiées et dérisoires comparativement au renchérissement du coût de la vie, alors que de nouvelles taxes et de nouveaux impôts sont venus alourdir nos charges», précise Ijaba qui revendique plus d'un millier d'adhérents répartis sur l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur et de recherche scientifique. «D'une année à l'autre nous sommes devenus témoins d'une université agonisante : un flou total et un manque de transparence quant à la gestion, l'absence de vraies réformes, la réduction drastique du budget de la recherche, le manque cruel de moyens et de logistique, le non-recrutement des diplômés... », ajoute l'Union. Le syndicat, qui fait état d'une «situation désastreuse au sein de l'Université », précise dans ce même ordre d'idées que la condition matérielle déplorable des universitaires chercheurs est en train de provoquer une fuite des cerveaux et de contribuer ainsi au flux grandissant de migration des universitaires à l'étranger. L'Union des professeurs universitaires chercheurs tunisiens réclame ainsi l'amélioration de la situation matérielle des universitaires à travers des majorations salariales étudiées de nature à préserver la dignité des enseignants et à attester du respect de leurs compétences, l'ouverture d'un concours de recrutement et de promotion et le lancement de réformes sérieuses et profondes en faisant participer les enseignants à ce processus. Pour tenter d'amener le ministère de l'Enseignement supérieur à répondre positivement à ses revendications, l'Union avait organisé plusieurs activités revendicatives, dont un rassemblement de protestation, une grève d'une journée en février dernier, une grève de deux jours en avril et un mot d'ordre de grève administrative qui a été finalement annulée en juin dernier pour laisser la porte ouverte avec négociations avec les autorités de tutelle.