C'est au cours d'une projection en avant-première qui a eu lieu le 5 janvier au « Colisée » qu'un public très nombreux était venu découvrir le nouveau film : « Shitane El Kaïla » (La sieste du corbeau) du réalisateur tunisien Moez Kamoun qui sortira sur nos écrans dès le 8 janvier. Avec ce quatrième long-métrage, le réalisateur nous raconte un mélodrame classique accompagné par de la musique. Les premières images du film semblaient nous donner l'eau à la bouche en essayant de nous mettre dans le bain du Sahara et de la cité balnéaire. Elles insistaient, en fait, à nous dire les multiples paradoxes qui caractérisent l'histoire. Celle-là même qui n'est ni cérébrale, ni philosophique. Elle est tout simplement simple, destinée à tout public comme au bon vieux temps du cinéma de papa. Faut-il encore songer à réaliser des films du genre ? Notre production cinématographique doit certainement faire dans tous les genres cinématographiques pour permettre au public de faire son choix et de trouver des œuvres qu'il voudrait voir, sans parfois avoir besoin de trop titiller ses méninges. Les ingrédients étaient là pour ce film, avec des comédiens hyper connus, de théâtre, de cinéma et surtout de télévision. Il s'agit, entre autres, de Souhir Ben Amara, Foued Litaiem, Abdelmonem Chouayet, Ali Khémiri, Fethi Akkari et Boutheina Hemissi. Et à mesure que les événements se déroulaient, on se mettait à l'évidence qu'on était devant un film pour lequel on ne pouvait pas imaginer, par exemple, une autre fin. L'hyper-réalisme était toujours présent et les scènes se succédaient. Le détail de la musique qui revenait par intermittence pour rythmer le film ou exprimer la teneur d'une situation, donnait un ton quelque peu triste à l'histoire pourtant truffée de scènes loufoques, particulièrement celles du « sorcier », plutôt charlatan. L'autre détail est celui de l'ombre et de la lumière qui expriment la peur, les imprévus et les engrenages où se retrouvent les personnages. Mais le détail le plus frappant est celui du caméléon qui jouait un rôle dans le film. Filmé en gros plan, il gardait la même couleur vert foncé qui vire au gris. Il semblait garder les lieux « sacrés » du sorcier, tout en représentant sa personnalité changeante. Un « Shitan » des temps modernes qui bouge toujours durant la sieste. Et si son nom en langue arabe est traduit par « corbeau », notre esprit balancera entre ce dernier et le caméléon changeant de couleur aussi, à chacun de ses déplacements. Peut-on chercher à trouver la parabole entre cette histoire et la réalité de la Tunisie d'aujourd'hui ? Cela ne se dévoile pas, à notre sens, à travers ce film.