En plus de Tunis, plusieurs villes de l'intérieur du pays ont connu, dans la nuit du lundi 8 au mardi 9 janvier, des mouvements de protestations assez tendus où la violence était maîtresse du jeu. A Tebourba, les confrontations entre les protestataires et les agents de l'ordre ont fait un mort. Alors que les habitants de la ville assurent que ce dernier a été heurté par un véhicule de la police, le ministère de l'Intérieur a indiqué, dans un communiqué, que le défunt a succombé à une crise d'asthme. Le décès a été vite récupéré par quelques parties à l'instar de Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, qui, au cours d'une conférence de presse tenue hier dans la matinée, a affirmé que le décédé, Khomsi Ben Sadek Eliferni, est « un martyr de la nation » tout en appelant les parties concernées à cesser de « diffamer » les mouvements pacifistes des citoyens qui s'opposent aux différents articles de la loi de Finances 2018. De son côté, et répondant au député du bloc d'Ennahdha Habib Kheder, la dirigeante du Courant démocratique, Samia Abbou, a rappelé au mouvement islamiste que son retour en Tunisie a été possible « grâce aux mouvements nocturnes survenus en décembre 2010 et janvier 2011 ». Par ce petit rappel, Samia Abbou insinue clairement que ce qui se passe actuellement est une sorte de mouvement social visant à changer complètement de système. Même s'il est vrai que l'argument des protestations nocturnes frôle le ridicule et que les casseurs se trouvent effectivement présents dans toutes les protestations du monde et même celles qui se déroulent dans les pays démocratiques, les incidents survenues avant-hier soir ont dépassé le stade des protestations musclées pour aller vers des formes de vandalisme et de violence inexpliqués. Toutefois, les autorités concernées n'ont pas su bien argumenter pour expliquer la situation et ont créé un amalgame ayant tout juste servit à intensifier les tensions. De leur côté, politiciens et députés ont sauté sur l'occasion entre ceux qui appellent le gouvernement à annuler la nouvelle loi de Finances pour que la situation se calme et ceux qui accusent l'extrême gauche d'être derrière toute cette pagaille. Dans ce cadre, le chef du mouvement islamiste, Rached Ghannouchi, n'a pas mâché ses mots en déclarant que celui qui lance des appels aux manifestations participe directement à l'installation du chaos dans le pays. Avec le déclenchement de ces incidents, une course politicienne vient d'être officialisée. A peine quelques mois avant la tenue des élections municipales, celui qui marquera le plus de points lors de cette course aura certainement quelque chose à fêter en mai prochain. Entre temps, le pays peut bien attendre que les petits calculs partisans prennent fin, après tout, il n'y a que cela qui compte!