Les idées pour tromper les gens et abuser de leur bonne volonté ne manquent pas chez les délinquants en quête de réaliser les méfaits les plus spectaculaires. Ils possèdent une imagination débordante qu'il suffit d'un éclair pour qu'ils s'aperçoivent que tel comportement qu'ils adoptent peut leur coûter cher ou que telle situation qui se présente à eux peut leur être profitable. C'est ainsi que deux jeunes oisifs, à l'apparence aisée, roulaient en voiture dans la cité d'El Menzah, quand, tout à coup, ils aperçurent deux jeunes filles, en train de discuter à l'arrêt d'un bus. L'idée leur est venue alors de les inviter à bord pour les emmener aimablement à leurs lieux de travail. Un service qu'ils rendent aux citoyens, selon leurs dires, lorsque l'occasion leur est offerte. À vrai dire, ce n'étaient pas leurs intentions réelles car ils s'attendaient à faire une virée en ville pour profiter ensuite de la mansuétude des donzelles. Devant le refus de ces dernières, ils insistèrent. Les voyant s'éloigner, ils durent les rejoindre avant de descendre de voiture pour leur signifier qu'ils étaient, en fait, des agents de la brigade des mœurs, en patrouille dans la région. La discussion s'échauffa pour se terminer par une gifle cinglante reçue par l'une d'elles qui prit ses jambes à son cou pour échapper à ses bourreaux. Sa camarade n'eut pas cette chance et on l'engouffra de force dans le véhicule qui démarra en trombe pour la conduire au poste le plus proche où un procès-verbal pour racolage sur la voie publique sera dressé à son encontre. C'est du moins ce que les faux policiers ont prétendu à la victime. Continuant leur route, les délinquants ne s'arrêtèrent pas devant le poste de police, comme annoncé auparavant. Leur idée malveillante n'échappa pas à la jeune fille qui prit de gros risques en ouvrant la portière pour se jeter sur la chaussée. Face à cette tournure dramatique de la situation, les accusés ont pris peur et le chauffeur a écrasé l'accélérateur pour prendre la fuite. Quant à la victime, elle fut prise en charge par un automobiliste serviable qui l'a conduite jusqu'à un poste de police où elle raconta dans le détail le calvaire qu'elle a vécu avec sa camarade avant de déposer une plainte contre ses agresseurs. Des investigations poussées finirent par aboutir à l'arrestation des deux inculpés qui reconnurent les faits. Traduits devant le tribunal correctionnel de Tunis, ils ont été condamnés chacun à six ans de prison ferme pour détournement avec violence d'une personne et usurpation de fonctions. Comparus, à nouveau, devant la cour d'appel, les deux accusés ont vu leur avocat se désister de l'affaire qui a été renvoyée à une date ultérieure.