La nouvelle égérie de la danse contemporaine tunisienne est bientôt de retour pour un nouveau spectacle créé avec la complicité de Houda Riahi, Khalil Hentati et Marwen Abouda. A découvrir une suite impromptue pour deux corps vêtus de noir et de lumière. Prochainement, au Théâtre El Hamra... Dans les univers de nos chorégraphes, le lyrisme reste une valeur sûre. Il s'agit toutefois d'un lyrise métissé d›abstraction, d›une touche ardente et d›un esprit résolument contemporain. Dans ce mouvement d›ensemble, Syrinne Douss occupe une place prépondérante et s'affirme une création après l'autre, parmi les plus initiés de nos chorégraphes. De la fluidité du geste aux allégories du sens La plus récente de ses oeuvres devrait être représentée au cours du mois de février au Théâtre El Hamra. EElle en signe la chorégraphie avec la complicité de Houda Riahi. Les deux artistes sont de plus ensemble en scène avec une scénographie de Marwen Abouda sur une composition musicale de Khalil Hentati. L'oeuvre est réalisée avec le soutien du ministère des Affaires culturelles et en co-production avec El Hamra. C'est toute la vitalité de notre chorégraphie contemporaine qui est au rendez-vous avec ce nouvel opus qui avance sur un fil tendu entre la grâce classique et le monde débridé de la danse contemporaine.. Cyrinne Douss sait en effet donner toute leur ampleur aux gestes qui fondent le registre classique tout en puisant sa force d'évocation dans des lignes de fuite qui font naître allégories et fluidité. Toutes en jeu de références, les chorégraphies de Douss sont en effet un balancement entre le signifiant et le signifié. Sans ne rien nommer, par la vertu de simples gestes lents ou saccadés, l'artiste met le corps expressif au centre de sa démarche et parvient dans un style qui emprunte parfois à la pantomime, à signifier bien des mots silencieux. Une ardente gestuelle du signifiant Le regard absorbe les gestes des danseuses, les recompose, les fragmente, tente d'en retrouver l'essence subtile et métaphorique. C'est dans cette gestuelle du signifiant suggéré qu'excelle Douss. En scène, elle semble évoluer en fonction d'invisibles points d'appui qui se situeraient entre l'envol et la chute, l'essor et l'immobilité. C'est une dialectique permanente qui se joue alors que la scénographie sublime les corps livrés à la musique, la lumière et un imperceptible silence. Le regard est invité à se fondre dans cette sarabande, cette tempête où chaque doigt, chaque posture, chaque mouvement, prend la valeur de ces noumènes d'un haut langage caché dans les grilles des cryptogrammes. La puissance évocatrice de la danse est partout dans la démarche de Douss et pour l'avoir ressentie dans ses oeuvres antérieures, il ne fait pas de doute que ce processus cathartique est approfondi dans cette nouvelle création dont l'avant-première est pour bientôt. Un nouvel indice - ô combien éloquent - de l'évolution de l'art des chorégraphes en Tunisie...