Je suis persuadé que le classement de la Tunisie sur la liste noire revêt deux dimensions: technique et politique. L'invective ne sert à rien. Ce qui urge c'est d'engager les mesures nécessaires. La Tunisie dispose des meilleures législations au monde, mais dans la plupart du temps, ce sont des législations de façade qui sont très mal appliquées. Pour ce qui est du manque d'application de la loi, le rapport de la CTAF, mentionne principalement, les professions non financières et les autorités de contrôle. S'agissant des professions non financières, on cite les professions des notaires et les agents de la conservation foncière. Il s'agit des avocats qui sont au nombre 8000 et qui n'ont fait que 5 « déclarations de soupçons », entre 2011 et 2017, et les experts comptables (plus de 1000), qui ont déposé une seule déclaration de soupçons, en 2016. Selon le rapport de la CTAF un flux de liquidités extrêmement important, a permis à des citoyens libyens d'acquérir 200 mille logements en Tunisie, en 2015, (6% du nombre total de logements achetés, dans le pays). Les défaillances proviennent en particulier des bijoutiers dont le nombre s'élève à plus de 6000, et où 50% opèrent dans l'informel, outre l'importation, en 2015, de la Turquie, qui est de 19 400 kg, d'or. La promotion immobilière est aussi une profession fortement exposée aussi au phénomène de blanchiment d'argent, lequel a entrainé une augmentation des prix de 41%, entre 2011 et 2013, soit une hausse moyenne de 13,5% par an. Ces professions non financières n'ont pas de systèmes de contrôle interne et ont dépourvues de règles de gestion claires qui fonctionnent convenablement, permettant de sensibiliser et d'orienter leurs membres. Il faut savoir aussi que la fraude fiscale est le jumeau du blanchiment d'argent. J'appelle à la désignation d'une personne chargée de lutter contre le blanchiment d'argent, au niveau de chaque corps professionnel, afin d'assurer la coordination avec la CTAF, sensibiliser ses confrères et recevoir les « déclarations de soupçons ».