Après la réunion du Conseil d'Administration de la Banque Centrale tenue le 5 mars courant, où il a été décidé d'augmenter le taux directeur de la BCT de 75 points de base le portant ainsi de 5% à 5,75%, une conférence de presse a été organisée hier au siège de la BCT afin d'expliquer les raisons inhérentes à cette décision. Marouane El Abassi, le gouverneur de la BCT a déclaré que cette décision a été dictée en vue de juguler l'inflation et pouvoir parer aux pressions inflationnistes qui menacent l'économie nationale en 2018. L'inflation a atteint 7,1% au mois de février contre 4,6% une année auparavant et 6,4% en décembre 2017. Il a indiqué également que parmi les objectifs majeurs de la BCT, c'est de préserver la stabilité des prix. « Une réaction vigoureuse et immédiate de la politique monétaire (75 points de base au moins) s'est avérée indispensable, d'autant plus que le marché s'attendait à un ajustement des taux, étant donné que le TMM du mois de février est ressorti à 5,61%, après l'élargissement du corridor décidé fin décembre 2017. Les effets de ce nouvel ajustement du taux directeur sont attendus vers le dernier trimestre 2019 compte tenu des délais de transmission des impulsions de la politique monétaire qui varient entre 6 et 8 trimestres », a-t-il souligné. « Depuis 2011, la Banque centrale a mené une politique monétaire proactive qui a pour objectif d'anticiper l'inflation. Les 4 hausses du taux directeur de la Banque centrale effectuées entre 2012 et 2014, ont permis de ramener le taux d'inflation de 5,8% en 2013 à 3,7% en moyenne en 2016. D'ailleurs, anticipant cette détente de l'inflation, la BCT a baissé son taux directeur, à la fin de 2015 pour soutenir la reprise économique », a précisé le gouverneur. En ce qui concerne la 3ème tranche du crédit du FMI, El Abassi a fait savoir qu'une réunion est prévue pour le 23 du mois courant avec le conseil d'administration du FMI, une réunion décisive en relation avec le décaissement de la troisième tranche du crédit. Par ailleurs, le gouverneur a annoncé la sortie imminente de la Tunisie sur les marchés internationaux. « La sortie entrevue pour la fin du mois de mars 2018 », affirme-t-il. Une inflation moyenne de 7.2% en 2018 D'autre part, la directrice de la politique monétaire à la BCT, Rim Kolsi a affirmé que la BCT s'attend à un taux moyen d'inflation à hauteur de 7,2%, pour toute l'année 2018. Ce taux pourrait s'atténuer sensiblement en 2019. « Le taux d'inflation enregistré en février 2018 n'a pas été atteint depuis deux décennies. Ainsi, il nous a été indispensable de réagir et faire face à ces pressions inflationnistes à travers l'augmentation du taux directeur de la BCT de 75 points de base », a ajouté la directrice. Mme Kolsi a souligné que l'inflation risque de poursuivre son envolée et qu'elle pourrait atteindre des seuils plus critiques si aucune décision ne soit prise. Elle a à juste titre rappelé que grâce à la majoration à la hausse du taux directeur en 2015, l'inflation a été ramenée en moyenne à 3,7% en 2016, alors qu'elle environnait les 4,9% en 2015. L'inflation importée Dans le même cadre, la directrice a indiqué aussi que l'inflation dans la zone euro a enregistré une augmentation d'environ 1,5%, principal fournisseur et client de la Tunisie a aggravé encore la situation, engendrant une inflation importée pour le pays. Tout en précisant que la dépréciation du dinar qui a fortement concouru à l'inflation actuelle face à la hausse des prix des matières premières et des hydrocarbures sur le marché international. Béchir Trabelsi, DG de la Gestion des Réserves et des Marchés a déclaré que le stock des réserves en devises a chuté en-dessous de 80 jours d'importation causé essentiellement par les incidences du financement de l'approvisionnement du pays en matière énergétique. Et d'ajouter : « Nous avons payé 760 millions de dollars pour importer nos besoins en énergie et 100 millions de dollars pour financer l'achat des médicaments. Au total, nous avons puisé près de 2 de milliards de dinars de notre stock de réserves». Il va sans dire que malgré la légère amélioration enregistrée au mois de février 2018 du taux de couverture des importations par les exportations, cette embellie ne peut être avantageuse en l'absence d'une réelle dynamique d'investissement et d'une reprise de la production. Mr. Trabesli a souligné que toute Banque Centrale préfère opter pour un régime de change fixe, mais faut-il au préalable avoir les moyens pour l'appliquer.