Le 30 mars 1977, le grand chanteur égyptien Abdelhalim Hafedh surnommé « Al andalib al asmar » (Le rossignol brun) tirait sa révérence dans une clinique à Londres. Il n'avait que quarante huit ans et il était encore trop jeune pour partir à jamais. La nouvelle de sa disparition avait vite fait de circuler et de rendre inconsolables ses milliers, sinon ses millions de fans à travers le monde arabe. Et depuis quarante et un ans, la chanson arabe n'a pas encore enfanté une voix et un style qui a ressemblé, un tant soit peu, à celui de Halim, comme le surnomment ses amis et autres admirateurs. Et sans pour autant étaler sa carrière, on rappellera qu'Abdelhalim Chabana, de son vrai nom, ayant emprunté le nom de Hafedh à celui de Hafedh Abdelwaheb, directeur de la radio égyptienne au milieu des années cinquante du siècle dernier, qui avait découvert son talent. L'autre détail inhérent à la vie d'Abdelhalim est relatif à la vie impossible qui l'attendait dès son enfance, ayant perdu sa mère et mené une vie des plus ordinaires et pas du tout aisée. Et artistiquement parlant, il avait eu la chance et comme l'ayant « piquée » à sa vie malheureuse, de rencontrer et d'être entouré de ténors de la chanson égyptienne au niveau des paroliers, lui l'enseignant de musique et joueur de hautbois. Il s'agissait au niveau des paroliers de Hissine Essayed, Morsy Jamil Aziz, Samir Mahboub et jusqu'à Mohamed Hamza et...Nizar Kabbani. Au niveau des compositeurs, ce sont Mohamed El Mouji, Mohamed Abdelwaheb qui est devenu son parrain et producteur de la majorité de ses films, Riadh Sombati et surtout Kamel Ettaouil et Baligh Hamdi. Le style d'Abdelhalim était celui de présenter une belle chanson d'amour parfois impossible ou perdu. Une chanson facilement accessible à l'ouïe, mais surtout romantique à souhait. Les jeunes des époques des années cinquante, soixante et soixante dix du vingtième siècle se retrouvaient dans les œuvres de Halim et s'y délectaient. Son itinéraire artistique était brisé lors qu'il était au summum de la gloire et ayant pu défendre sa musique au milieu de toutes les nouvelles tendances et autres nouvelles voix. Abdekhalim et la Tunisie En 1968, Abdelhalim Hafedh était venu chanter à Tabarka dans le cadre de son festival « Aïd al marjène » (La fête du corail) au théâtre de plein air qui se situait au centre-ville de Tabarka et qui est aujourd'hui abandonné à son sort. Abdelhalim était accompagné de la troupe « Al Massiya » dirigée par le compositeur et cithariste Ahmed Foued Hassan, de la chanteuse Chérifa Fadhel et du compositeur Baligh Hamdi. La Télévision tunisienne a encore et heureusement un enregistrement de cette soirée où Abdelhalim avait un « Mechmoum » accroché à l'oreille et avait porté au cours du spectacle la « Jebba » tunisienne que lui avait offerte, croyons-nous savoir, feu Abdelmajid Boudidah, l'homme de théâtre et de radio. En cet été 1968, Abdelhalim avait également chanté au palais de Skanès devant le président Bourguiba qui y fêtait son anniversaire le 3 août. A cette occasion, Halim a interprété une chanson dédiée au Combattant suprême écrite par notre poète de la chanson Abdelmajid Ben Jeddou et composée par Baligh Hamdi. Abdelhalim avait également chanté à Kassar Saïd dans un gala public et à Gammarth, lors d'une soirée organisée par l'ex-RTT en son honneur. Plusieurs chanteurs tunisiens y avaient participé à l'instar d'Aly Riahi, Nâama et Oulaya. En 1970, Abdelhalim revenait en Tunisie pour chanter à la coupole d'El Menzah à l'occasion du cinquantenaire du Club Africain. De belles retrouvailles, en quelques sorte avec toujours de nouvelles chansons ou des tubes sans pareil. Et bien auparavant, en 1962, c'était Abdelhalim qui s'adressait du Caire aux auditeurs de la radio nationale où le chroniqueur sportif et non moins ancien boxeur champion de Tunisie feu Brahim Mahouachi (Brahim-Jeune) l'avait rencontré et interviewé. Souvenirs, souvenirs. Persistance Abdelhalim Hafedh demeurera toujours dans le cœur de ceux qui l'ont aimé, d'autant plus que ses chansons sont toujours diffusées sur toutes les radios tunisiennes et arabes. Il a su préserver, outre-tombe, une carrière exemplaire avec des centaines de chansons et pas moins de quinze films où il a joué le premier rôle.