Les agents et cadres de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (STEG) ont observé, hier, une grève pour défendre la mission de service public de l'entreprise et dénoncer la «mauvaise gestion» et les «soupçons de corruption» qui entourent la privatisation de la réalisation d'une nouvelle centrale électrique dans le gouvernorat de la Manouba. « Cette journée de mobilisation est le dernier recours pour faire entendre nos revendications en matière de défense du service public », a souligné Abdelkader Jelassi, le secrétaire général de la Fédération générale de l›électricité et du gaz, relavant de l›Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). «Nous avons été forcés de débrayer car le ministre de l'Energie n'a pas daigné prendre part à une réunion de conciliation qui devait se tenir mercredi, et malgré ce faux-pas nous restons entièrement ouverts au dialogue», a-t-il ajouté, indiquant qu'un service minimum a été assuré par des agents de la STEG afin d'éviter toute perturbation ou coupures dans la distribution de l'électricité dans toutes les régions du pays. «Le gouvernement refuse toujours d'appliquer un accord conclu le 15 janvier dernier en présence du secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi », a-t-il ajouté. Cet accord stipule notamment le recouvrement des créances de la STEG auprès de plusieurs entreprises et établissements publics ainsi que le versement des subventions étatiques coutumières. «Le gouvernement refuse de verser les subventions allouées à la STEG depuis 2016 et tergiverse sur le règlement des factures échues des ministères et d'autres institutions publiques, ce qui a perturbé les équilibres financiers de la STEG », a précisé M. Jelassi, indiquant que cela cache une volonté manifeste de mettre l'entreprise à genoux avant de l'intégrer dans le programme de privatisation que prépare le gouvernement. Selon lui, les créances de la STEG auprès de ces établissements publics s'élevaient à 400 millions de dinars au 31 décembre 2017, soit près de 40% des créances totales de l'entreprise. La grève vise par ailleurs à protester contre les agissements du Président directeur général de la STEG, que le syndicat de base de l'entreprise soupçonne de «mauvaise gestion» ainsi que contre les «soupçons de corruption» qui entourent l'attribution par voie d'appel d'offres international du marché de la construction d'une nouvelle centrale électrique à Mornaguia un groupe étranger. La Fédération générale de l'électricité et du gaz rattachée à l'UGTT avait refusé en janvier dernier l'augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz dans le souci de «préserver le pouvoir d'achat des citoyens », rejetant ainsi une disposition figurant dans le budget de l'Etat 2018 prévoyant un réajustement des tarifs de l'électricité et du gaz dont l'impact financier était estimé à 358 millions de dinars. A noter que le secrétaire général de l'UGTT a réaffirmé à maintes reprises ces dernières semaines que la cession du secteur public constitue une ligne rouge, soulignant que la centrale syndicale s'opposera à toutes les tentatives visant à céder les entreprises publiques au secteur privé. Il a cependant plaide pour un examen au cas par cas de la situation des entreprises publiques en vue de les restructurer et d'améliorer leur gouvernance.