Parallèlement au discours sur la mondialisation, on commence à parler de l'économie du savoir et de la société du savoir. Le savoir est ainsi devenu, implicitement, une marchandise qui se vend et s'achète, s'exporte et s'importe comme n'importe quel autre produit. Là, l'enseignement supérieur occupe une place particulière puisqu'il permet de rapprocher les services éducatifs de qualité de leurs demandeurs. D'où la dimension stratégique de l'enseignement supérieur dans l'économie mondiale. Que faire pour que l'internationalisation de l'enseignement supérieur se transforme en une coopération fructueuse entre le Nord et le Sud permettant aux pays arabes de s'adapter à la mondialisation et lutter contre la fuite des cerveaux ? Comment tirer profit des expériences des institutions internationales et de celles des pays avancés ? Comment faire du mouvement de migration des étudiants et des enseignants universitaires un facteur d'amélioration de la qualité de l'enseignement supérieur chez - nous ? Le colloque international organisé, durant deux jours à partir d'hier, par l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences ( ALECSO ) et la Fondation Konrad Adenauer a traité la question de « l'internationalisation de l'enseignement supérieur et la coopération arabo - allemende ». A l'ouverture des travaux M. Mongi Bousnina Directeur Général de l'ALECSO, devait rappeler que la prise de conscience de la nécessité de réformer dans un cadre global le système éducatif est apparue au sommet de Tunis en 2004. « L'éducation est à la base du développement et la locomotive du changement dans tout projet de modernisation », affirme - t - il. D'ailleurs, les pays arabes comme la Tunisie, qui ont misé sur le capital humain au lendemain de l'indépendance pour sortir du sous - développement, sont aujourd'hui en face de nouveaux défis, impossibles à relever sans un enseignement évolué qui va de pair avec les autres secteurs de la société. Avec la mondialisation économique et culturelle grandissante, les frontières classiques entre les Etats disparaissent et la planète est devenue un grand marché. En même temps, le développement technologique et scientifique se déroule à une vitesse vertigineuse. « Devant pareille situation nous devons suivre la vague des changements ou périr lentement et rester à la marge de l'histoire », déclare en substance M. Mongi Bousnina.
Amenuiser le gap Pour relever les défis qui s'imposent, le capital humain est le seul moyen de le faire. Nous sommes dans un monde où la concurrence s'exacerbe et où de nouvelles spécialités apparaissent alors que d'autres disparaissent. Le système universitaire et ses diplômés doivent avoir une grande capacité d'adaptation avec une réalité changeante. De toute façon, actuellement, la tendance à l'échelle internationale, est la mise en place d'un système international d'évaluation des compétences et de détermination des niveaux d'enseignement. Nous devons intégrer les systèmes universitaires évolués et être compétitifs dans le marché mondial du travail. Un suivi et une veille continus s'imposent pour être au diapason du progrès enregistré ailleurs. La coopération avec les pays avancés et les organisations internationales et régionales spécialisées sert à amenuiser le gap existant. Cette coopération permet de diminuer la fuite des cerveaux. « La coopération entre l'Allemagne et les pays arabes dans le domaine scientifique peut servir de modèle », affirme le Directeur Général de l'ALECSO.
Multiplier les opportunités de coopération Pour Dr. Hardy Ostry responsable régional de la Fondation Konrad Adenauer, « l'internationalisation de l'enseignement supérieur est un sujet qu'on ne doit pas cantonner dans un espace limité. A côté des aspects scientifiques, la question nécessite l'apport de tous pour réussir à relever les défis qui s'imposent. Il faut améliorer la coopération et l'enraciner ». Mme Monika Grütters, député au parlement allemand a réitéré le soutien de l'Allemagne aux réformes de l'enseignement supérieur dans les pays arabes. « Le monde arabe était et demeure le lieu de rencontre des civilisations et des langues », affirme - t -elle en ajoutant que « la réforme de l'enseignement supérieur a besoin de l'apport d'experts dans plusieurs domaines. Il est de notre devoir de coopérer avec vous. L'enseignement dans les pays arabes a besoin d'une tête pour réfléchir, d'yeux pour regarder et de mécanismes pour agir ». Les établissements universitaires allemands ont apporté leur soutien à l'internationalisation. Partout dans le monde, les scientifiques et les intellectuels cherchent des groupes de travail pour relever ensemble les défis. L'Allemagne va proposer des solutions globales dans les questions climatiques, la santé et la sécurité. « L'internationalisation de l'enseignement est un objectif fondamental en Allemagne », affirme Mme la députée. Du moment que l'Allemagne on se plaint de la migration des cerveaux vers les Etats - Unis, la multiplication des opportunités de coopération avec les pays arabes dont la Tunisie peut freiner ce mouvement. Sur ce plan nos intérêts convergent.