Au deuxième jour de leur grève générale avec présence obligatoire, les employés de Shems FM ont organisé une conférence de presse pour expliquer les raisons de leur mouvement de contestation. En cause, l'attitude désinvolte de la présidence du gouvernement, du ministère des Finances et surtout des représentants d'Al Karama Holding face à leurs demandes incessantes de garantir la pérennité de leur média, l'indépendance de leur ligne éditoriale et la régularisation de leurs collègues contractuels avant la cession de la radio au nouvel acquéreur. Mercredi matin, peu après 10h, à l'entrée du siège de Shems FM, les regards des employés de la radio sont figés, graves. C'est qu'au deuxième jour de leur grève devant en durer trois, rien n'a bougé et leurs interlocuteurs continuent de faire le dos rond face à leurs injonctions. Au cours de la conférence de presse, Mohamed Saïdi, Secrétaire général du Syndicat général des médias a affirmé que recourir à la grève a été un choix mûrement réfléchi qui s'est imposé devant l'entêtement des trois autres parties à ne pas respecter les accords précédemment conclus, visant à garantir de nombreux points relatifs à la pérennité du média et aux droits des employés. Prenant la parole à son tour, Nefissa Hosni, présentatrice du point journal à Shems FM et syndicaliste, a expliqué point par point l'ensemble des demandes à l'origine de ce mouvement de grève à commencer par la nécessité d'adopter en urgence une convention d'entreprise avant la cession de la radio. Il s'agit également de la nécessité de faire participer le syndicat à toutes les étapes de la cession de Shems FM afin de garantir les droits professionnels et financiers de tous les employés qui risquent de se retrouver dans la précarité s'ils venaient à perdre leurs emplois. D'autant plus qu'un retard de trois semaines pour la réception de leurs salaires a été accusé le mois dernier et qu'ils ne savent toujours pas s'ils seront payés d'ici la concrétisation de la vente ou pas et ce, malgré l'engagement moral de la direction de la radio. Selon des bruits qui courent, la vente de la radio serait imminente et serait même prévue pour le mois de juillet. En lice, deux potentiels acquéreurs, l'un issu notamment des domaines de l'agroalimentaire et de la grande distribution et l'autre possédant des sociétés de production de produits d'hygiène et de cosmétiques, ancien dirigeant d'un club sportif de renom. Prenant la parole à son tour, Khaoula Sliti, journaliste à Shems FM, a affirmé que la grève des employés n'est en aucun cas synonyme d'un refus de la cession de la radio, mais plutôt de la politique de l'autruche adoptée par les autres parties concernées. Mauvais timing ? Shems FM est une radio généraliste lancée en septembre 2010 dont l'autorisation d'exploitation a été accordée à Cyrine Ben Ali, la fille de l'ancien président. Près de trois mois après sa création, l'existence de la radio est chamboulée, voire menacée, par la survenue de la révolution. Les parts de la fille de l'ancien président ont été récupérées par l'Etat et Al Karama Holding, actuelle détentrice du média mais aussi de Dar Assabah ceci dit en passant, est chargée d'assurer la cession et de finaliser le processus d'acquisition. Depuis la prise de décision de la vente, un long feuilleton s'en est suivi, fait de tractations, de négociations, de mouvements de grèves mais aussi de communiqués de presse et de déclarations interposés. Aujourd'hui, la vente de Shems FM est entrée dans la dernière ligne droite et devrait se concrétiser très rapidement. Qu'adviendra-t-il de ce média qui se démarque par son objectivité reconnue par tous et de ces employés qui craignent le pire dans les jours à venir ? Même s'il est tout à fait légitime, leur mouvement de grève, qui n'est d'ailleurs pas le premier dans son genre, n'aurait-il pas eu plus d'écho s'il avait été organisé à un autre timing car, et ce n'est un secret pour personne, le gouvernement et ses composantes mènent à l'heure actuelle une bataille pour leur propre survie. A leurs yeux, le dossier Shems FM peut donc bien attendre...