50% du fonds des TIC couvrent le financement du déficit des entreprises publiques dont la Poste Tunisienne et l'Office National de Télédiffusion Le «CNI» assurera toujours l'hébergement, le traitement et la protection des données sensibles de l'Etat et des citoyens Après le tohu-bohu autour de la création de l'Agence de Développement Numérique décidée lors du 5ème Conseil stratégique de l'économie numérique tenu en mars dernier et la vague de contestations menée par les agents du Centre National de l'Informatique (CNI), Anouar Maarouf, ministre des TIC et de l'Economie Numérique est venu hier lors d'un point de presse s'expliquer, éclairer le public façon de tirer les choses au clair et annihiler tout malentendu. L'idée de création de l'Agence de développement du Numérique a émergé selon le ministre d'un constat essentiel: « Une lenteur est un blocage dans la réalisation des projets fixés dans la stratégie nationale national « Tunisie Digital 2020 ». En 2016, nous avons constaté qu'uniquement 5% des projets programmés dans la feuille de route élaborée en 2014 ont été réalisés pour un total de 72 projets, par ailleurs 12000 hommes/jours ont été consommés dans les réunions sans pour autant réaliser les objectifs escomptés ». Et d'ajouter : « Aujourd'hui le taux de réalisation des projets est aux alentours de 20% ». Pour le ministre l'objectif suprême de l'ADN étant d'accélérer la mise en application des projets et de parer aux trois entraves essentielles qui freinent leur exécution à savoir : la gouvernance, la complexité du fonds des TIC et le problème de compétences. Un problème de gouvernance et de compétences En effet, le premier hic est un problème de gouvernance lié à la l'absence d'une légitimité transversale. Autrement dit qui fait quoi ou encore assure la responsabilité des projets. Le deuxième problème majeur est celui du fonds des TIC. « Il s'agit d'un fonds spécial de trésor dont les ressources proviennent principalement de la taxe de 5% sur le CA annuel des trois opérateurs Telecom, de l'Agence Nationale des Fréquences et de l'Etat. Ce fonds rapporte annuellement une somme approximative de 200MD, toutefois et mis à part le caractère ambigüe et complexe observé dans le « process » de gestion du fonds, 50% de l'enveloppe allouée au fonds couvrent le financement du déficit des entreprises publiques dont la Poste Tunisienne et de l'Office Nationale de Télédiffusion », a précisé le ministre. D'où le problème de financement des projets. « On n'a pas une machine d'exécution », ajoute-t-il. Le troisième problème est relatif aux compétences dans la gestion des projets. « D'où l'Agence de Développement du Numérique qui s'inscrit dans une vision globale axée sur trois volets : la continuité, un Focus sur le pacte de Carthage et l'accélération », précise le ministre en affirmant qu'il s'agirait plutôt d'une société de gestion du Fonds TIC qui aura pour mission principale le développement de l'économie numérique. Elle a le statut d'un EPNA (établissement public à caractère non administratif) et aura pour missions : le pilotage ou la gouvernance des projets, le développement de l'e-gov, de l'e-commerce et la promotion du projet Smart Tunisia. L'ADN pour mettre le turbo Avec un effectif de 20 permanents, l'ADN reposera sur des contrats de recrutement provisoires en fonction des projets. L'ADN disposera d'une autonomie financière et aura à exécuter les grands projets prévus dans la stratégie nationale « Tunisie digitale 2020 ». En bref c'est une entreprise publique avec une mentalité ou une dynamique privée qui a pour objectif principal de mettre le turbo et passera à la vitesse suprême pour réaliser la transformation numérique aspirée. S'agissant du différend avec le CNI (Centre national de l'Informatique), le ministre assure qu'il n'y a aucun conflit de compétences entre l'ADN et le CNI et réfute tout accès de l'ADN aux données sensibles de l'Etat et des Citoyens Le CNI est avant tout un fournisseur de solutions techniques qui devra jouer le rôle de centre de services de l'Etat contrairement à l'ADN qui se focalisera sur la gestion des projets et l'accélération de leur mise en œuvre. « Or l'hébergement, le traitement des données et la protection des données sensibles sont toujours du ressort du CNI », ajoute le ministre. Il a expliqué que le conseil stratégique du Numérique a pourtant décidé de consolider et de renforcer le rôle du CNI en augmentant le budget alloué, soit 30 milliards. Aujourd'hui, le bras de fer continue. Le projet de l'Acte de naissance en ligné lancé en mars dernier a été freiné par les agents de la CNI. Chose qui a coûté le limogeage du DG du centre. Pour le ministère des TIC et de l'Economie Numérique la transformation numérique est en marche, les projets devront atteindre leur vitesse de croisière et la refonte des projets du système national de l'état civil «Madania» est inéluctable.