En l'espace de quelques semaines, le gouvernement d'union nationale a vu deux de ses membres partir ; le premier, Lotfi Brahem, a été limogé de la tête du ministère de l'Intérieur pour être remplacé, par intérim, par le ministre de la Justice Ghazi Jeribi alors que le second, Mehdi Ben Gharbia, a préféré démissionner de son poste de chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les organisations des droits de l'Homme tout en déclarant son soutien inconditionnel au chef du gouvernement. Bien que des semaines se sont passées depuis les deux départs, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, n'a toujours pas désigné les remplaçants des deux dissidents ce qui a amené plusieurs observateurs à conclure que le premier intéressé redoute un passage à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), surtout avec la crise politique qui divise et les élus et leurs partis politiques. Toutefois, le fait que le ministère de l'Intérieur continue à être géré par un ministre par intérim et que cette situation ait coïncidé avec un important attentat terroriste, survenu le 8 juillet courant dans le gouvernorat de Jendouba, met tout le gouvernement sous de sévères critiques auxquelles le président de la République en personne a adhéré lors de sa dernière interview télévisée. D'ailleurs, Béji Caïd Essebsi est même allé jusqu'à affirmer qu'il n'était pas d'accord avec le timing du limogeage de Lotfi Brahem et que Youssef Chahed l'a presque surpris avec sa décision et son officialisation. Le gouvernement d'union nationale, qui peine sur le plan économique et social, n'a cessé, durant ces derniers mois, de chanter les louanges de ses accomplissements en matière de sécurité ; aujourd'hui, le gouvernement perd sa source de crédibilité et le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI), qui a salué les résultats économiques de la Tunisie, ne lui rend aucun service. Cependant, et alors que certains profitent de la vacation de l'Intérieur, d'autres appellent à un peu patience affirmant qu'un remaniement ministériel partiel serait sur le point d'être annoncé ; attendu depuis des semaines, le remaniement serait, selon des sources proches du palais de la Kasbah, sur le point d'être présenté et déposé auprès du Parlement. Toujours selon les mêmes sources, ce remaniement concernera quatre grands ministères et mettra, aussi, fin à la participation de quelques entités dans l'union nationale. Les annonces insistantes de cet imminent remaniement ne veulent toutefois pas dire que le sort de Youssef Chahed est épargné puisque le concerné peut, à tout moment, être appelé à demander le renouvellement de la confiance parlementaire, surtout après l'appel lancé par le le président de la République et soutenu par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) pour qui le chef du gouvernement ne peut plus continuer alors que sa présence divise tout le pays. Une situation qui rappelle étrangement celle d'Habib Essid quelques semaines avant son départ et avant la désignation de Youssef Chahed.