Le squat du patrimoine public tend à prendre des proportions alarmantes avec l'occupation illicite de centaines d'espaces de la voie publique. C'est le cas des trottoirs du centre-ville de Nabeul qui sont squattés par les commerçants, induisant une anarchie indescriptible. Les piétons sont privés de leur trottoirs, à telle enseigne qu'ils sont contraints de se rabattre sur la chaussée qu'ils disputent aux automobilistes avec tous les risques que cela engendre quotidiennement pour les uns et les autres. L'anarchie consistant à brader gratuitement les lieux publics conçus pour la circulation des personnes et des véhicules, chacun y est allé, de son propre bon vouloir, prendre possession de l'espace public qui lui fait face. Les propriétaires de cafés et de restaurants ont installé sans la moindre hésitation des tables et des chaises en-dehors de leurs établissements publics pour avoir un peu plus de clients, alors que les autres commerçants ont également pensé à occuper le peu d'espace en face du magasin, en exposant les produits à vendre dehors sur des étals, et aussi des échelles et des bancs en bas du trottoir pour éviter le stationnement de tout véhicule. Dans ce contexte, les malheureux citoyens ne cessent de se plaindre de ces pratiques causant tant de désagréments, notamment l'encombrement, la difficulté de se frayer un chemin, d'une rue à l'autre, et le blocage des issues menant aux immeubles d'habitations. Combien de fois avons-nous assisté à des scènes de rixe désobligeantes entre les riverains qui empruntent ces passages pris par ces indus occupants? Très souvent, ce sont les deux trottoirs d'une même chaussée qui sont squattés par des articles exposés et étalés dès le petit matin. "Il est pratiquement impossible de circuler librement sur un trottoir ! C'est un véritable dilemme, car il faut toute une gymnastique pour se frayer un chemin", déplore un homme âgé qui nous a accosté, hier, révolté par ces procédés d'appropriation illégaux des lieux publics. Des marchandises de tous genres sont étalées à même la chaussée réduisant, ainsi, sa largeur. Une certaine prise de conscience s'est déclenchée amenant les autorités municipales à accorder à ce phénomène un plus grand intérêt. La nouvelle équipe municipale présidée par Houda Skandaji a réagi. Elle voulait mettre de l'ordre dans la cité. «Les marchandises débordent les trottoirs voire la chaussée sans la moindre gêne dans certains quartiers de la ville. On ne se contente plus de grignoter quelques mètres, pire encore, les commerçants squattent la chaussée et y entassent leurs marchandises. Nous ne pouvons plus tolérer l'anarchie qui règne dans ces quartiers et avenues où l'occupation illégale du domaine public a connu une recrudescence particulière», souligne Nour Boumaiza, conseillère municipale, chargée de la communication et de l'évaluation. Et d'ajouter «Nous avons entamé jeudi une grande action à l'Avenue Habib Thameur, grande artère commerciale de la ville. L'objectif est de libérer les espaces publics occupés illégalement par certains commerçants, restaurateurs et cafetiers. L'opération a eu un effet positif, puisque plusieurs trottoirs ont été libérés. Les commerces et les cafés seront amenés à respecter le traçage de la municipalité. Une large campagne de libération de l'espace public a touché aussi l'avenue Habib Bourguiba. Elle se poursuivra durant le mois de septembre. Plus de place à l'anarchie. Notre objectif est de faciliter la circulation des piétons». Cette campagne, menée tous azimuts d'une main de fer par les autorités municipales, est vivement accueillie par l'opinion locale qui suit, avec grand intérêt, cette épreuve menée par le conseil municipal contre l'occupation anarchique du domaine public .Les citoyens s'en réjouissent. Tant mieux.