Ouverture au monde, esprit critique, environnement, créativité artistique: autant de choses que la pratique culturelle peut apporter à l'école. Dans les couloirs du collège Farhat Hached Bessbessia à Hammamet, c'est l'effervescence. Dans les salles de cours, et même à l'extérieur de l'établissement, des jeunes de 15 à 25 ans ont pris possession de l'espace pour travailler. Ils ont une semaine pour créer des œuvres originales. Ce projet School Art (l'Art à l'école) traite de la thématique de l'éducation artistique et culturelle. Il fait partie des vingt projets sélectionnés par le programme Tfanen - Tunisie Créative, financé par l'Union Européenne dans le cadre du Programme d'Appui au Secteur de la Culture en Tunisie (PACT), mis en œuvre par le British Council en partenariat avec le réseau EUNIC (Instituts Culturels Nationaux de l'Union Européenne. D'une superficie de 150m2, l'espace culturel est un espace de plein air équipé et pouvant abriter différentes activités artistiques telles que le théâtre, le cinéma, la danse, la musique, les arts plastiques…Pinceaux, pochoirs, tissus, vernis trônent sur les tables ou jonchent le sol, au pied des élèves. Il y a ceux qui ont opté pour le défrichement du sol, la construction des bancs, le dessin, ceux qui travaillent les fresques ou encore ceux qui testent de nouvelles techniques de peinture. L'objectif est d'aménager un espace culturel en plein air "Chacun a une façon d'interpréter l'exercice", relève Salim Talha. Pour les encadreurs ce workshop de rentrée est l'équivalent d'une semaine d'intégration mais avec la "touch" école d'art . "C'est l'occasion pour les 18 jeunes qui participent de travailler ensemble, par groupe de quatre ou cinq.". "Nous avons tout de suite décidé de bosser ensemble. Nous avons senti dès les premiers échanges que nous avions les mêmes envies et que nous n'allions pas nous marcher dessus", explique Nejemeddine Bouabdallah. Ce travail en commun stimule les jeunes. "Le workshop nous pousse à travailler en équipe, à voir d'autres choses et à être dans l'écoute", témoigne Ghda Turki, une jeune lycéenne, très enthousiaste. Pourtant, l'exercice n'est pas simple. "Nous avons dû faire plusieurs recherches pour faire cohabiter nos styles graphiques. Des sensibilités différentes, ce n'est pas rien, on ne voit pas les mêmes choses", avoue l'animateur Maher Ben Fradj .Les participants à ce chantier développeront ensemble une lecture sensible du site et ses paysages, réfléchiront à un concept qui allie sauvegarde et valorisation et proposeront des choix d'aménagement du site : traitement du sol, construction d'une amphithéâtre pour abriter des spectacles, réalisation de fresques, embellissement de l'espace . "Le workshop permet aux participants de découvrir d'autres techniques et d'aller vers quelque chose qui leur est inconnu, qu'ils n'ont pas l'habitude de faire", constate Yasmine Nafzaoui. " L'objectif général du projet, explique Dr Salem Sahli, secrétaire général de l'Association d'éducation relative à l'environnement , est de promouvoir l'égalité d'accès aux arts et à la culture dans la zone périurbaine de Hammamet. Pour ce faire, le projet School Art ambitionne de développer les pratiques culturelles et artistiques dans les établissements scolaires ruraux de la délégation de Hammamet, de faciliter l'accès des jeunes ruraux, filles et garçons, aux établissements culturels publics de proximité et favoriser leur implication citoyenne dans les activités artistiques et culturelles, de promouvoir les échanges et les partenariats entre les écoles rurales et les acteurs culturels locaux, publics, privés et de la société civile, et enfin de sensibiliser les habitants et les parents d'élèves à l'importance de l'éducation à l'art et à la culture. C'est un projet qui pourra se reproduire sur un autre territoire. L'art pourra changer l'école, éduquer le jeune et former le futur citoyen". Ce chantier des arts à l'école doit faire connaître, auprès de l'ensemble de la communauté éducative et en particulier des parents d'élèves, la diversité et la richesse des projets développés en partenariat par les jeunes, les associations, les autres acteurs éducatifs et les professionnels de la culture. "Elle est l'occasion de valoriser le volet culturel du projet d'école ou d'établissement" précise Ridha Mrad qui appelle à généraliser ce genre de partenariat école-société civile.