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La popularité de Béji Caïd Essebsi au plus bas, Chahed remonte dans les intentions de vote
Publié dans Le Temps le 28 - 09 - 2018

Le taux de pessimisme a atteint son plus haut niveau depuis avril 2015, à 42,3%
67,9% des sondés ne savent pas encore pour quel parti voter
Ennahdha arrive en tête des intentions de vote pour les partis avec 13,7%
70,5% des sondés pensent qua la situation économique du pays est en train de se dégrader
Le cabinet de sondage EMRHOD Consulting a réalisé une nouvelle enquête intitulée «Le Baromètre politique d'Emrhod Consulting/ Septembre 2018» exclusivement pour le compte du groupe de presse Dar Assabah.
Cette enquête est le fruit d'un accord de partenariat conclu entre EMRHOD Consulting, qui est un membre des prestigieux réseaux de cabinets d'étude de marché ESOMAR et WiN, et notre groupe.
Pour cette nouvelle vague, EMRHOD a interrogé 920 personnes, par téléphone dans les 24 gouvernorats (zones urbaines et rurales).
La marge d'erreur est de +/- 3%
Voici les résultats détaillés de l'enquête réalisée les 25 et 26 septembre auprès d'un échantillon représentatif de la population Tunisienne en âge de voter (18 ans et plus) :
Evaluation du travail du président de la République
Question: Comment jugez vous le travail du Président de la République, vous êtes très satisfait, plutôt satisfait, plutôt insatisfait ou pas du tout satisfait?
En ce mois de septembre, 18% seulement des personnes sondées se sont déclarées satisfaites ou plutôt satisfaites du travail président de la République contre 22,5% en juillet 32,3% en juin 33,5% en mars 32,7% en février, 31,5% en janvier, 32% en novembre 2017 et 36% en septembre 2017.
Le chef de l'Etat perd ainsi 4,5 points par rapport au mois de juillet dernier et enregistre le plus bas taux de satisfaction de son travail depuis la première édition du baromètre datant d'avril 2015!
Selon les observateurs, cette dégringolade s'explique essentiellement par l'incapacité du locataire du Palais de Carthage de mettre fin à la crise politique qui secoue le pays et le soutien qu'il affiche désormais clairement à son fils, Hafedh Caïd Essebsi, dans le cadre du bras de fer qui oppose ce dernier au chef du gouvernement, Youssef Chahed.
Lors d'un entretien accordé le 24 septembre à El Hiwar Ettounsi, le président nonagénaire s'est déclaré vaincu face au chef du gouvernement quadragénaire, auquel s'est contenté de recommander de solliciter un nouveau vote de confiance à l'Assemblée des représentants du Peuple (ARP). Béji Caïd Essebsi n'a également fait assumer à aucun moment la crise qui secoue Nidaâ Tounes à son fil qui a fait main basse sur les divers rouages du parti.
Evaluation du travail du président du gouvernement
Question: Comment jugez vous le travail du chef du gouvernement, vous êtes très satisfait, plutôt satisfait, plutôt insatisfait ou pas du tout satisfait?
33% des sondés se déclarent très satisfaits ou satisfaits du travail de Youssef Chahed en ce mois de septembre contre 32,8% en juillet, 46,4%, 48,8% en mars dernier, 48,3% en février, 48,6% en janvier, 49,4% en novembre 2017 et 48,2% en septembre.
Le Chef du gouvernement gagne ainsi 0,2 points comparativement au mois de juillet. Celui qui est en en passe de faire échouer un scénario de succession dynastique en faveur de Hafedh Caïd Essebsi est cependant bien loin du taux de satisfaction record de 54,4% qu'il avait obtenu en juin 2017, soit juste après le lancement de la guerre contre la corruption, dont le point culminant fut l'arrestation du sulfureux homme d'affaires et lobbyiste Chafik Jarraya. Cette guerre applaudie par l'opinion publique a cependant perdu de sa superbe vu que le rythme des arrestations a beaucoup ralenti.
Par ailleurs, le locataire du Palais de la Kasbah subit encore les contrecoups de la mauvaise conjoncture économique et la montée de l'inflation dans un contexte marqué par son incapacité à exécuter un programme de réformes économique, dont la remise à flot des caisses sociales, la réduction des dépenses publiques et la restructuration des entreprises publiques, dans un contexte de crise politique et de surenchères syndicales.
Popularité des leaders et des partis politiques
Question 1: Selon vous, si les élections présidentielles se tiendraient demain, pour qui voteriez vous (en spontané) ?
Le Chef du gouvernement Youssef Youssef Chahed revient en tête des intentions de vote pour la présidentielle, avec 10,5% des intentions de vote en ce mois de septembre contre 6,3% en juillet. M. Chahed, qui a été lâché par son parti Nidaâ Tounes ainsi que par l'UGTT, doit encore sa popularité à la campagne anti-corruption et à sa capacité à tenir tête au directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh caïd Essebsi.
Les intentions de vote pour l'ex-président de la République Moncef Marzouki restent stables, à 6,6%. M. Marzouki repasse néanmoins à la deuxième position, devant Béji Caïd Essebsi (5,1%).
Viennent ensuite Mohamed Abbou (3,9%), Safi Saïd (3,5%), Hamma Hammai (1,9%), Slim Riahi (1,6%), Mehdi Jomâa (1,2%), Néji Jalloul (1,2%), et Mohsen Marzouk (1,2%), Sami Abbou (1%), Rached Ghan
nouchi (1%) et Hachemi Hamdi (1%).
Question 2: Pour quel parti politique voteriez-vous si des élections se tiendraient demain?
67,9% des sondés ne savent pas encore pour quel parti ils voteront en ce mois de septembre contre 64,4% en juillet dernier.
Si l'on exclut ces indécis, Ennahdha arrive remonte en tête, avec 13,7% des intentions de vote, devant Nidaaa Tounes qui récolte 11,8% des intentions de vote contre 15,3% en juillet. Le pari présidentiel qui se vide de ses cadres paie ainsi le prix fort de la crise interne dans laquelle il s'embourbe.
Attayar Al-Dimocrati occupe la 3è position (3,3%), devant Al Jabha (1,5%) et Afek Tounes (1,1%).
Indice de la menace terroriste
Question: A votre avis, la menace de terrorisme en Tunisie est très élevée, élevée, faible ou très faible?
Le pourcentage cumulé des personnes qui trouvent la menace terroriste très élevée ou élevée s'est établi à 23,9% en septembre contre 34,1% en juillet, 16,6% en juin, 19,2% en mars , 17,9 en février, 22,6% en janvier et 29,2% en novembre 2017. La baisse de l'indice de la menace terroriste s'explique par l'absence d'attentats terroristes majeurs durant les deux derniers mois.
Indice de l'espoir économique
Question : Vous pensez que la situation économique du pays est en train de s'améliorer ou de se dégrader?
En ce mois de septembre, 70,5% des sondés pensent qua la situation économique du pays est en train de se dégrader contre 61,1% en juillet 56,8% en juin, 54,9% en mars, 64% en février, 66,3% en janvier dernier et 65,7% en novembre. 2017. Il s'agit du plus haut taux enregistré dans ce chapitre depuis la publication de la première édition du sondage en avril 2015.
22,4% seulement des personnes sondées estiment que la que la situation économique du pays est en train de s'améliorer en septembre contre 28,2% en juillet, 29,4% en juin, 34% en mars, 27,6% en février, 22,2% en janvier et 24,4% novembre 2017.
Cela s'explique essentiellement par la mauvaise conjoncture économique et la flambée de l'inflation.
Indice de la liberté d'expression
Question: L'un des grands acquis de la révolution est la liberté d'expression. Pensez-vous, que cette liberté d'expression est aujourd'hui fortement menacée, relativement menacée ou n'est pas menacée?
43,5% sondés trouvent que la liberté d'expression est menacée en ce mois de septembre contre 49,4% en juillet, 47,9% en juin, 46,7% en mars, 39% en février dernier, 37,1% en janvier dernier et 47,8% en novembre 2017. Les deux derniers mois n'ont pas en effet enregistré des intimidations contre les journalistes ou des tentatives d'étouffer des voix libres.
Optimisme & pessimisme des Tunisiens
Question: Etes vous plutôt optimiste ou pessimiste pour les prochains jours?
42,3% des personnes interrogées se déclarent pessimistes pour les prochains jours en ce mois de septembre contre 32% en juillet dernier. Le taux de pessimisme enregistré en septembre 2018 est le plus haut niveau enregistré depuis le lancement du sondage en avril 2015 ! Cette impressionnante hausse s'explique essentiellement par la dégradation de la situation économique, la persistance de la crise politique et la montée des tensions sociales.
50,8% seulement des sondés se déclarent optimistes pour les prochains jours en ce mois de septembre contre 59,7% en juillet, 63,9% en juin, 67,4% en mars, 57% en février 53,2% en janvier et 56,8% en novembre 2017.
Indice de perception de la corruption
Question : D'après vous, le phénomène de la corruption est en train d'augmenter ou de baisser?
66,4% des personnes interrogées estiment que la corruption est en train d'augmenter en septembre 2018 contre 62,3% en septembre 2017.
6,9% des sondés pensent que la corruption est en train de baisser en ce mois de septembre 2018 contre 16% une année auparavant.
Cela s'explique essentiellement par l'essoufflement de la campagne anti-corruption lancée par le chef du gouvernement et le peu de moyens dont dispose l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC).
Compte rendu de Walid KHEFIFI.


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