Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et le secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Noureddine Taboubi, se sont accordés, lors d'une rencontre tenue vendredi après-midi, sur la reprise des négociations salariales dans le secteur public après plusieurs mois de blocage. Selon des sources proches de la centrale syndicale, ces négociations devraient reprendre à partir de la semaine prochaine pour tenter de trouver un accord sur la majoration des salaires des fonctionnaires et des salariés des diverses catégories des établissements publics (Offices, établissements publics à caractère industriel et commercial, établissements publics à caractère administratif). La principale pomme de discorde entre le gouvernement et l'UGTT concerne le taux des augmentations salariales au titre des années 2017, 2018 et 2019. Dans ce cadre, l'UGTT a proposé la prise en considération de plusieurs paramètres, dont le taux d'inflation, les taux de croissances prévues au cours des prochaines années et le glissement du dinar par rapport aux devises fortes (l'euro et le dollar essentiellement), qui a causé un renchérissement de produits importés. L'inflation tourne autour de 8%, soit presque le double du taux enregistré en 2015, et le dinar s'est déprécié d'environ 40% par rapport à l'euro, tandis que le taux de croissance du produit intérieur brut est sur une courbe ascendante. Compte-tenu de ces indicateurs économiques, la centrale syndicale réclame des augmentations identiques à celles convenues avec l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA). L'accord conclu le 19 septembre entre l'UGTT et l'UTICA prévoit des augmentations de 6,5% par an du salaire de base et des primes fixes au titre des années 2018 et 2019. Les représentants du gouvernement ont, quant à eux, jusqu'ici évoqué les fortes pressions qui subissent les finances publiques en raison des coûts liés aux subventions des produits de base et des hydrocarbures et de la masse salariale qui dépassé 14 % du PIB, soit l'une des plus élevées au monde. Le blocage qu'ont connu les négociations entre les deux parties constitue l'une des raisons ayant poussé l'UGTT à décréter une grève générale dans le secteur public le 24 octobre prochain ainsi qu'une grève générale dans la fonction publique le 22 novembre. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et le secrétaire général de la centrale syndicale, avaient signé le 10 juillet l'accord-cadre qui fixe les contours de ces négociations devant aboutir à la majoration des salaires. L'accord cadre prévoit des négociations couvrant les années 2017, 2018 et 2019 et qui devraient prendre fin le 15 août prochain. La signature de cet accord-cadre fait suite à l'obtention du feu vert du groupement du secteur public relevant de l'UGTT pour mener «à titre exceptionnel» des négociations centralisées aussi bien dans le secteur public que dans la fonction publique. Ce groupement s'était jusque-là attaché à des négociations non-centralisées, c'est-à-dire des négociations «au cas par cas» se déroulant entre la direction et le syndicat de base de chaque établissement public. Finalement, le groupement du secteur public a accepté la proposition du gouvernement à condition que les négociations concernent l'aspect réglementaire (formules de recrutement, durée de la période stage, procédures de titularisation, sécurité professionnelle etc) et ne se limitent pas uniquement à l'aspect financier.