Une rencontre est prévue aujourd'hui entre le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et le secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Noureddine Taboubi, pour tenter de relancer les négociations sociales dans le secteur public et dégager un accord sur la restructuration des entreprises publiques en difficultés loin de la logique de privatisation à tout crin. «Une entrevue entre le secrétaire général de l'organisation et le chef du gouvernement se tiendra aujourd'hui pour tenter de désamorcer la crise causée par le blocage des négociations sociales dans le secteur public et l'orientation du gouvernement à privatiser les entreprises publiques», a déclaré le secrétaire général adjoint de l'UGTT Bouali M'barki. «Nous espérons que cet entrevue aboutisse à un accord sur la reprise des négociations entre les deux parties et la signature d'un accord sur les augmentations salariales», a-t-il ajouté, indiquant que la centrale syndicale a été contrainte à opter pour le choix difficile de décréter une grève dans le secteur public. L'organisation ouvrière avait décrété une grève générale dans le secteur public le 24 octobre prochain ainsi qu'une grève générale dans la fonction publique le 22 novembre en signe de protestation contre le blocage des négociations sociales et le programme de privatisation des entreprises publiques. Les négociations sociales dans le secteur public sont au point mort depuis plusieurs semaines en raison d'un désaccord entre le gouvernement et l'UGTT sur le taux des augmentations salariales au titre des années 2017, 2018 et 2019. Dans ce cadre, l'UGTT a proposé la prise en considération de plusieurs paramètres, dont le taux d'inflation, les taux de croissances prévues au cours des prochaines années et le glissement du dinar par rapport aux devises fortes (l'euro et le dollar essentiellement), qui a causé un renchérissement de produits importés. L'inflation tourne autour de 8%, soit presque le double du taux enregistré en 2015, et le dollar s'est déprécié d'environ 40% par rapport à l'euro, tandis que le taux de croissance du produit intérieur brut est sur une courbe ascendante. Compte tenu de ces indicateurs économiques, la centrale syndicale réclame des augmentations identiques à celles convenues avec l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA). L'accord conclu le 19 septembre entre l'UGTT et l'UTICA prévoit des augmentations de 6,5% par an du salaire de base et des primes fixes au titre des années 2018 et 2019. Les représentants du gouvernement ont, quant à eux, jusqu'ici évoqué les fortes pressions qui subissent les finances publiques en raison des coûts liés aux subventions des produits de base et des hydrocarbures et de la masse salariale qui dépassé 14 % du PIB, soit l'une des plus élevées au monde. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et le secrétaire général de la centrale syndicale, avaient signé le 10 juillet l'accord-cadre qui fixe les contours de ces négociations devant aboutir à la majoration des salaires. L'accord cadre prévoit des négociations couvrant les années 2017, 2018 et 2019 et qui devraient prendre fin le 15 août prochain. En ce qui concerne le dossier de la privatisation des entreprises publiques, l'UGTT refuse la cession des fleurons du secteur public au secteur privé. Elle propose en contrepartie la restructuration des entreprises publiques en difficulté et l'amélioration de leur gouvernance.