Le discours du Chef du Gouvernement a suscité des avis contrastés entre adeptes et détracteurs parmi les députés présents. Le député du mouvement Ennahdha, Hédi Ben Brahem, a déclaré à l'agence TAP que "le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux en termes de croissance (2,6% prévus pour cette année et 3,1% pour 2019), et de déficit budgétaire (4,9% prévus pour cette année et 3,9% pour 2019). Ben Brahem a, toutefois, estimé qu'une croissance de 3,1% n'est pas suffisante pour booster le développement et l'emploi. Il a convenu de l'existence de pressions sur le budget de l'Etat pour l'année 2019, en raison de la montée de la masse salariale et des dépenses de compensation des hydrocarbures et des matières premières outre le service de la dette. Ben Brahem a aussi, souligné que le gouvernement a été contraint de consacrer une enveloppe modeste aux dépenses de développement de l'ordre de 6,15 milliards de dinars pour 2019, en raison de la hausse continue de la masse salariale, passant de 6,5 milliards de dinars en 2010, à 16,5 milliards de dinars en 2019. Il a expliqué la régression des dépenses consacrées au développement par l'augmentation du service de la dette qui atteindra 8,7 milliards de dinars en 2019, ainsi que des dépenses de compensation des hydrocarbures et des matières premières. Il a considéré que l'Etat tunisien avance dans le bon sens, s'étant engagé, après la révolution, à payer ses dettes extérieures et les salaires et à soutenir le pouvoir d'achat à travers la compensation. Le député de Nidaa Tounès, Houssem Bounenni a, pour sa part, affirmé que le discours du gouvernement, comporte des mesures importantes à l'instar de la création de la Banque des régions qui donnera un nouveau souffle au financement des PME. Bounenni a indiqué que les défis pour l'année 2019 concernent l'augmentation du taux de croissance de 2,6%, à 3,1%, sauf que cette croissance demeure faible pour la promotion de l'investissement et la création de l'emploi dans les régions intérieures. En contrepartie, il a considéré que le projet de LF 2019 n'est pas une loi révolutionnaire, car il ne comporte pas d'incitations fiscales pour améliorer le climat social et l'investissement. De son côté, le député du Front populaire, Monji Rahoui a exprimé son refus des mesures économiques annoncées par le chef du gouvernement, considérant que ces dispositions ne sont que des slogans politiques de campagne électorale et n'ont pas d'impact sur la situation économique et sociale qui ne cesse de se dégrader. Il a ajouté que le projet de LF 2019 ne présente aucune vision orientée vers la relance de la croissance et le renforcement du pouvoir d'achat du Tunisien qui se détériore de plus en plus, suite à la dépréciation de la valeur du dinar et l'augmentation du chômage qui atteint, en octobre 2018, un taux de 15,4%. Il a souligné que le gouvernement a échoué à tous les niveaux, à cause de la hausse des taux d'inflation (7,4%), et de la pauvreté, ainsi que de l'accroissement de l'endettement ( plus de 70% du PIB), qui est passé de 25,64 milliards de dinars en 2010, à 82 milliards de dinars actuellement. Rahoui a prévu une détérioration des conditions économiques et sociales au cours de l'année prochaine, dans l'absence de mesures de promotion de l'investissement, d'absorption du chômage, et de renforcement du pouvoir d'achat des citoyens.