Proposée au FITHEB 2018, «L'humanité plage» du Burkina Faso.Le jeu d'acteur, la mise en scène et la scénographie ont eu un plus grand impact sur nous que le texte lui-même… Il existe de pièces pour laquelle le jeu d'acteur, la mise en scène et la scénographie sont plus forts que la portée du texte. Il en a été ainsi de «L'humanité plage», une pièce burkinabè adaptée d'un texte d'un auteur belge, vue durant le FITHEB 2018 (Bénin). Dès le début, nous nous attendions à une autre pièce, sortant des sentiers battus de la politique, de la religion, des conflits, etc. «L'humanité plage» l'a été sur le plan visuel, mais pas sur le plan textuel. Il est vrai qu'une pièce de théâtre accouche d'un texte. Mais, pourquoi ne pas faire le contraire, même s'il faut partir d'un texte ? Prendre un texte à la base, comme «L'humanité plage» de Stanilas Cotton, faire la mise en scène et la scénographie et se rendre compte que, finalement, le texte ne convient pas. Changer de texte tout simplement. Même pas l'adapter mais carrément en écrire un autre. Tout dans «L'humanité plage» appelle à un autre texte. Une autre histoire. Cette tente qui fait office de tombe d'où sort le revenant. Ce sable atour de la tombe. Ces lumières et cette musique live (jouée par Tim Winsey) donnant une atmosphère éthérée. Et le jeu du comédien. Tout cela aurait pu donner une autre histoire. Même si le texte présenté était une adaptation du texte original. Un revenant, Alcidias Patapon,est mandaté par les autres morts «pour crier leur ras-le-bol au monde des vivants». Ils ont été victimes de conflits tribaux, politiques ou religieux.Alcidias Patapon, lui, était comédien. Heureux de se retrouver, de nouveau, sur scène, il se lance dans le récit des mésaventures de chacun comme preuves des résultats des violences humaines. Un texte trop lourd Personnellement, nous avons trouvé le texte trop lourd à digérer. Il était en contradiction avec le surnaturel de la pièce visuelle, d'autant que la représentation s'est tenue, en soirée, en plein air, sur l'une des deux scènes de l'Institut français de Cotonou. Une ambiance qui a enveloppé le public d'une aura presque mystique. Une mise en relation. Un symbolisme spatial entre l'humanité représentée par les spectateurs et la scène représentant un cimetière. Un symbolisme temporel également : lumière sur le revenant et vivants dans le noir total. Et l'on peut se demander qui sont les morts et qui sont les vivants. Le revenant est-il un mort vivant ? Le public, des vivants morts ? En tout cas, Alcidias Patapon (brillamment interprété par Dramane Zongo) lui profite de ce moment de retour à la vie temporaire. Il embrasse une tête de mannequin (tête de mort ?) à pleine bouche. Car comme le dit un proverbe béti du sud-Cameroun, «l'homme qui est couché dans la terre n'a que faire des femmes». Mais puisqu'il est revenu temporairement à la vie, il profite des joies des vivants. Comme l'a expliqué Ismaël Sam, le metteur en scène de la pièce, dans les sociétés africaines quand une jeune personne meurt de manière mystérieuse ou violente, il y a des rituels faits pour découvrir les vraies raisons de son départ pour l'au-delà. Cela aurait été intéressant comme thème, tout en gardant les mêmes jeu d'acteur, mise en scène et scénographie. Cela aurait donné une excellente pièce. Pourquoi aller chercher ailleurs des textes alors que nous avons, sur le continent africain, de très bons auteurs. Nous ne disons pas que le texte de Stanislas Cotton est nul. Juste qu'il faut arrêter d'aller chercher ailleurs ce que l'on a chez soi. Il est vrai que ce que l'on a chez soi n'apporte pas forcément ce que veulent les artistes : un soutien financier…