De jour en jour, le bilan s'alourdit dans plusieurs pays. Les contaminations devraient continuer d'augmenter dans les prochains jours. Pour freiner l'évolution de la pandémie du coronavirus (Covid-19), les pays du monde entier ont adopté le confinement, qui selon les scientifiques est la mesure de protection la plus sûre contre la propagation du virus. Dr Mohamed Adel Chehida, médecin résident en Italie nous livre ses conseils et comment apprendre à mieux vivre le confinement * LE TEMPS : Après votre appel "restez chez vous"... Y a-t-il une prise de conscience enfin ? Dr Mohamed Adel Chehida : Cette guerre contre un ennemi invisible ne sera vaincue que grâce à la participation du citoyen en s'appliquant aux strictes règles de confinement. Ce nouveau contexte exige une mobilisation totale et une prise de conscience pour faire face à cette épidémie. Le confinement est nécessaire. C'est une étape difficile qui demande du temps. Mais plus on l'applique avec sérieux, moins il durera. Il nous faut faire preuve de détermination et de patience. * Pourquoi tant décès en Italie ? Tout d'abord, l'Italie à un grand nombre de sujets âgés, terrain fragile d'où la difficulté à résister à l'agression pulmonaire ou cardiaque de ce virus. Il y a aussi l'hypothèse que certains traitements antihypertenseurs exposeraient ces sujets âgés à plus de risque. L'autre élément est la diffusion de la maladie à grande vitesse, touchant un grand nombre de la population. * Qu'en est-il de la situation des tunisiens dans ce pays ? Les tunisiens en Italie respectent catégoriquement les consignes et les directives. Ici, malheureusement, il y a eu deux décès confirmés à ces jours et je n'exclue pas qu'il y ait d'autres cas positifs. On est tous exposés à ce risque. * Faut-il durcir le confinement en Tunisie ? Je crois bien que le gouvernement a fait le maximum, mais le vrai confinement maintenant doit être celui du citoyen qui doit respecter à la lettre l'isolement et surtout réorganiser sa vie quotidienne chez soi pour ne pas céder à l'ennuie ou la panique. Comme pour tout changement, aussi brutal, un temps d'adaptation est nécessaire pour trouver l'équilibre de ce nouveau mode de vie. Le rythme change et nos petites habitudes aussi. Nous sortirons du confinement quand le virus ne circulera plus. * Faut-il réserver des structures hospitalières pour les contaminés du virus ? Il y a bien une commission ministérielle composée d'experts Tunisiens qui cherchent à trouver les meilleures solutions, en fonction de notre contexte en Tunisie. Le scenario italien et l'énormité de la vague de l'épidémie a fait que toutes les structures hospitalières aussi bien publiques que privées sont, désormais, mobilisées pour les patients susceptibles d'être contaminés par le Covid-19 * Etes-vous pour une politique de guerre pour faire face à cette épidémie ? Espérons toujours que la vague de l'épidémie ne nous touche pas de plein fouet. Malgré un certain retard, je suis pour une politique qui se base sur des données statistiques scientifiques pour pouvoir élaborer une stratégie efficace en fonction de notre plateau technique en matière de service sanitaire * La courbe sera-t-elle à la baisse en Tunisie ? La courbe est à son début, il faut bien le dire avec une extrême franchise. * Où en est la recherche en termes de vaccin et de traitement ? L'expérience de nos collègues chinois et la collaboration entre les communautés scientifiques sont en train de nous faire gagner beaucoup de terrain, car certaines molécules utilisées nous laissent espérer * La crise sanitaire vire à la crise économique. Voyez-vous des similitudes avec celle de 2008-2009 ? Je laisse aux experts en la matière le soin de répondre à cette question. Il est évident que l'impact sur tous les secteurs aura un prix. Je répète la santé du citoyen doit être toujours le premier souci du gouvernement (article 38 de la constitution tunisienne). * Et est-ce qu'aujourd'hui, la Chine coopère et nous apprend des choses que nous ne connaissons pas sur ce virus ? Des le début de l'épidémie, la Chine a permis à une équipe de l'OMS composée de plusieurs experts de visiter la zone endémique et leur façon de gérer la crise du Coronavirus. La Chine pourra nous apprendre beaucoup de choses sur la manière de gérer cette épidémie * Le monde de demain ne sera plus le même que celui qu'on a connu. Comment sera le monde après Coronavirus ? Certainement ! J'espère bien qu'une fois la crise sera dépassée, il y aura une vraie réflexion sur quel futur nous voulons laisser à nos enfants. Rappelons-nous que le même scénario est en cours à cause du réchauffement de la terre sauf qu'il est bien étendu dans le temps.