De la simple angoisse d'un confiné solitaire au bruit infernal des enfants coincés entre télévision et écrans des smartphone, ou encore au vide énorme des nos campagnes mal équipées, le Coronavirus met à nu les psychoses diverses d'une société inégalitaire. C'est un constat que nous admettons tous, les Tunisiens ne sont pas égaux face à la pandémie qui ravage le monde ! Les déséquilibres régionaux sont une donnée de base de notre pays depuis l'indépendance. La carte sanitaire en est l'exemple parfait. Pas un seul lit de réanimation n'existe dans les gouvernorats de l'intérieur. Même pour le littoral, la concentration des équipements est au Sahel et dans le Grand Tunis seulement. Le poids de l'histoire et de la démographie La concentration démographique sur le littoral (le Sahel) et autour de la capitale explique, en partie, ce déséquilibre mis à nu aujourd'hui. Le confinement, qui n'est encore qu'à ses débuts, ne tardera pas à exacerber encore les séquelles de nos déséquilibres. Les enfants, tous confinés de Bizerte à Tataouine, sont les premières victimes. Il est vrai que les moyens et les conditions de vie des familles tunisiennes ont beaucoup évolué, mais ceci a ses limites. Entre la famille qui offre à ses enfants plusieurs écrans de télévision, de téléphone, et autres tablettes, en plus des livres, des abonnements aux plateformes VOD et des jeux divers et celle qui peine encore à avoir une télévision de quelques années d'âge, il y a plus que des différences. Ce gap-là, vécu déjà tous les jours, sera encore plus dramatique au temps du Covid-19. Les spécialistes sont unanimes pour pointer les effets psychologiques sur les adultes mais ils soulignent que les effets sur les ados et les enfants sont encore plus néfastes. En l'absence de l'école, qui servait entre autres, à diminuer la pression des inégalités sociales entre villes et campagnes et entre quartiers riches et banlieues pauvres, nos problèmes sont là. Des énormes déséquilibres régionaux Ces constations viennent s'ajouter aux autres déséquilibres de notre pays. Nous sommes 12 millions, aujourd'hui, à suivre l'évolution de la pandémie du Coronavirus devant les écrans et au fond de nos salons. En espérant que la période de confinement ne se prolonge pas trop longtemps, il faut bien se rendre à l'évidence de nos maux. Si la semoule et la farine manquent dans une banlieue de la capitale, c'est le branlebas de combat des administrations ! Mais quand ces denrées se raréfient à Tajérouine, à Douz ou encore à Ghomrassen, c'est une autre échelle de danger. Beaucoup de nos compatriotes dans les campagnes ne vivent que de semoule et de farine pour leur pain et leur couscous ! Ils sentiront encore plus fort le poids du confinement et ils en seront encore plus affectés. A ces privations, il faut ajouter les difficultés d'approvisionnement en bouteilles de gaz, en pétrole lampant, en médicaments, ce qui n'arrange en rien la situation ! De séquelles du confinement A ces perspectives, pas trop roses évidemment, il faut aussi penser à la psychologie de la population. Nous sommes un peuple méditerranéen, connu pour sa jovialité et son goût pour la vie communautaire. Ce qui se passe en Italie et en Espagne est en partie dû à ces particularités méditerranéennes du « vivre ensemble ». Notre confinement aura des répercussions sur la psychologie de plus fragiles d'entre nous. Ceux qui ne supportent pas la solitude et ne conçoivent pas la vie autrement qu'en groupe, le plus élargi possible. Cependant, ces considérations peuvent paraitre superflues devant l'urgence de soins et de la prise en charge médicale. Mais ce n'est que partie remise, car les séquelles du confinement ne paraitront peut-être pas tout de suite !