Aux problèmes récurrents de la pandémie de coronavirus, il nous faut aussi se coltiner les dégâts d'une communication officielle qui peine à trouver ses meilleurs accents. De la Kasbah au Bardo et à Carthage, nos politiques n'arrivent pas à trouver le ton juste et le contenu qui devrait être celui de la communication de crise. La communication de crise, selon les sources généralement admises en marketing, est l'ensemble de techniques et actions de communication entreprises pour lutter contre les effets négatifs d'un événement (accident, pollution, pandémie, etc.) sur l'image de l'organisation (ici c'est l'Etat lui-même) concernée. La communication de crise nécessite des prises de décision rapides et la mobilisation d'un dispositif (moyens humains et matériels au sein de l'organisation) mis en place par prévention avant l'apparition d'une crise. Notre propos ici n'est pas un positionnement en faveur du Chef du Gouvernement, mais force est de reconnaitre qu'il est le seul, pour l'instant, à tirer un tant soit peu, son épingle du jeu dans la communication autour du Coronavirus ! En effet, Rached Ghannouchi a été soit absent, soit mal inspiré, lui qui n'est même pas arrivé à épeler le nom de la pandémie. Il est tout absorbé à ses petits jeux politiciens au sein de l'ARP et contre Elyès Fakhfakh au point de rester souvent muet et donc à paraitre dépassé complètement ! Kaïs Saïed, le Président de la République, de son côté est tombé dans l'autre travers de la communication. A vouloir trop dire il est en passe de dilapider le capital sympathie qu'il a hérité justement de son mutisme légendaire. Dans son dernier discours devant le Conseil National de Sécurité il y a eu beaucoup de maladresses qui nuisent au contenu positif à plus d'un niveau de son discours. Le Chef de l'Etat, dans son rôle constitutionnel, est un médiateur central entre les pouvoirs législatif et exécutif. Il se doit d'alerter sur les problèmes et les ratages des uns et des autres. Mais en ce temps de crise, faire des quelques ratages du gouvernement, l'axe de son discours est tout simplement improductif pour ne dire plus ! En plus, Kais Saïed, toujours acquis à ses accents prédicateurs et son discours de militant, s'est délecté encore une fois en revenant à des querelles dépassées sur l'argent et les entreprises confisquées et en prenant le risque de paraitre complètement dépassé et loin des mises à jour nécessaires sur le sujet. Par les temps qui courent il va falloir sérieusement ajuster le discours officiel sur le coronavirus et sa gestion. Trop de discours nui au discours ! Mais également l'absence de discours encourage toutes les fausses interprétations. Il va falloir au Président Saïed et à Rached Ghannouchi de reculer un pas et de laisser la place au chef du gouvernement qui est le seul sur le vrai terrain avec ses ministres. Elyès Fakhfakh est le seul à pouvoir dire au gens, au millime prés, ce que l'Etat peut ou ne peut pas faire. Il est aussi le seul responsable, constitutionnellement, sur la réussite ou l'échec de notre stratégie de lutte contre la pandémie. Mais comment veut-on qu'un chef de guerre gagne ses batailles quand les généraux de l'Etat Majors sont en entrain de batailler chacun de son côté et de claironner chacun dans son coin ??