En 1930, le prix Goncourt a été entièrement écrit en Tunisie, dans une villa de Radès, en banlieue sud de la capitale. Une page d'histoire littéraire et un gros plan sur un auteur qui connut une vogue éphémère. Le nom d'Henri Fauconnier devrait figurer au registre des auteurs français ayant vécu ou seulement voyagé en Tunisie. Né en 1879, disparu en 1973, Henri Fauconnier a en effet remporté le Goncourt de 1930 avec son roman "Malaisie", une œuvre entièrement écrite en Tunisie. De "La Terrasse" au "Sureau" Cet écrivain a en effet vécu de longues années à Radès où il possédait une villa qui lui servit de havre et de lieu d'écriture. Fauconnier s'était retiré en Tunisie après avoir fait fortune dans le caoutchouc en Malaisie. Il s'était en effet installé avec sa famille dans une villa dénommée "La Terrasse". Dès 1925, Fauconnier avait choisis de s'établir en Tunisie et d'une certaine manière, la demeure qu'il habita était comparable à celle du baron d'Erlanger ou à celles de Georges Sébastian à Hammamet ou Edouard Lecore-Carpentier à Korbous. Villa patricienne dotée d'un parc immense, "La Terrasse" a longuement inspiré l'écrivain qui y avait résidé jusqu'en 1939. C'est dans la crainte des visées de Mussolini sur la Tunisie que Fauconnier se décidera à quitter la Tunisie, après un séjour d'une quinzaine d'années. A son départ, il revendra sa maison au couple Delarue-Langlois qui, en 1944, la léguera afin qu'y soit créé un foyer familial. De nos jours, cette demeure qui porte le joli nom "Le Sureau", adopté par les repreneurs, accueille le Foyer Familial Delarue Langlois qui héberge une quarantaine de personnes âgées dans un cadre hautement professionnel. Ce foyer s'est d'ailleurs distingué ces derniers jours grâce à son équipe qui a préféré s'installer à demeure pour que se poursuive, dans les meilleures conditions, le service aux pensionnaires. La postérité de "Malaisie" Pour revenir à la littérature, ce prix Goncourt - tunisien par la résidence - a été attribué au roman "Malaisie". Dans ce livre, Henri Fauconnier évolue entre autobiographie, carnet exotique et essai anthropologique. A la confluence de plusieurs styles, "Malaisie" avait conquis le jury Goncourt et le lectorat français de l'époque concernée. Pour la petite histoire, Geneviève Fauconnier, la sœur du Goncourt, a obtenu en 1933 le prix Fémina. Ce fait anecdotique est unique dans la littérature française. En effet, les Fauconnier sont les seuls frère et sœur à avoir obtenu le Fémina et le Goncourt, un fait unique dans les annales de la littérature française. Les œuvres principales de Fauconnier sont, outre "Malaisie", le recueil de nouvelles "Visions" (1938) et "Noel malais" paru en 1941. Quant à l'ouvrage qui lui valut le Goncourt, il continue à être republié et traduit. Il en existe une traduction en malais parue en 2015. Rappelons que le texte original est paru en 1930 aux éditions Stock.