Il y a quelque chose de pourri, pour ne pas dire que tout est pourri, dans cette Assemblée des représentants du peuple unique en son genre où pour imposer son point de vue ou son diktat, on use d'un langage pire que celui d'un charretier, avec un président qui, du haut de son « perchoir » fait de telle sorte que la situation s'envenime. Depuis son arrivée à la présidence de l'ARP, Rached Ghannouchi s'est pourvu de pouvoirs assez étendus, au point qu'il a constitué le cabinet de cette instance législative de purs produits de son mouvement islamiste, faisant-fi de toutes les critiques et les commentaires, profitant de l'instant où tout le monde est concentré sur la lutte contre le coronavirus, oubliant qu'un autre virus est en train d'infecter la démocratie tunisienne. Avec sa petite majorité, le chef du mouvement Ennahdha se croit tout permis, parce qu'il a, certes, sur qui compter pour le soutenir. Tout d'abord, la Coalition Al Karama, totalement, acquise à sa cause, et, si cela ne suffit pas, il peut avoir recours aux députés de Qalb Tounès qui l'ont aidé à se propulser à la tête de l'Hémicycle. Sur un autre plan, le gouvernement n'a pas été épargné par le mouvement islamiste dont les ministres se font remarquer par des nominations douteuses de responsables acquis, totalement, à sa cause, et, pourquoi plus purs et plus durs, comme c'est le cas, avec celle du remplacement de Chokri Hammouda, au sein du ministère de la santé, juste parce qu'il faisait bien son travail. Ce qui inquiète, pour le moment, c'est le silence du président de la République et aussi du chef du gouvernement, face à ces manœuvres dilatoires.