La convertibilité totale du dinar est une échéance pour laquelle se prépare l'économie tunisienne depuis longtemps. Quelle est la démarche adoptée pour réussir un tel changement ? Quels sont les préalables pour passer d'un régime de changes totalement administré à un régime totalement libéral ? Quelles sont les étapes déjà franchies ? Qu'en est - il de la loi d'amnistie pour les infractions de changes ? La démarche adoptée par les pouvoirs publics pour arriver au stade de la convertibilité totale du dinar est marquée par la progressivité. Comme l'a rappelé, hier M. Taoufik Baccar, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, l'option choisie consiste « à réunir les préalables nécessaires pour passer à la dernière étape de la convertibilité du dinar ». Les conditions nécessaires pour atteindre un pareil niveau se résument dans le renforcement de la compétitivité de notre économie en agissant pour la rendre plus efficace, avec un taux de croissance élevé et continu et une attraction des investissements directs étrangers d'un niveau satisfaisant. La deuxième condition est la maîtrise des grands équilibres fondamentaux à moyen et long terme en maîtrisant le déficit courant de la balance des paiements à un niveau qui ne génère pas des pressions sur la monnaie nationale et les avoirs en devises. Le déficit du budget de l'Etat doit être inférieur à 3% du PIB. La dette, tant intérieure qu'extérieure doit être jugulée. « Si ces équilibres ne sont pas atteints il y aura de la spéculation sur la monnaie nationale », prévient M. Taoufik Baccar. En Tunisie, depuis des années les grands équilibres sont réels. Le déficit budgétaire n'a pas dépassé les 3%. Concernant la dette extérieure après les remboursements anticipés effectués, elle représente 43% du PIB. Il faut atteindre un niveau situé dans la fourchette de 35% à 40%.
Réhabiliter la politique monétaire La politique monétaire doit être consolidée pour qu'elle devienne, à l'instar des pays avancés, l'outil fondamental pour la maîtrise de l'inflation et des grands équilibres extérieurs. Il faut que la maîtrise de l'inflation se fasse grâce à la politique monétaire et non à travers des mesures administratives. On ne peut espérer à la convertibilité totale du dinar avec un taux d'intérêt fixe. Il faut renforcer la solidité du secteur bancaire en le restructurant et en consolidant les règles de gestion prudentielle et de contrôle conformément aux conditions de Bâle II. Durant les dernières années des mesures ont été intensifiées pour répondre aux conditions de la convertibilité totale du dinar. Le travail sera poursuivi dans ce sens. Des séries de mesures pratiques ont été adoptées en 2004, 2006 et 2007 pour préparer le terrain à la convertibilité totale du dinar. Cette démarche a été progressive. On a commencé par la libéralisations des opérations intéressant l'entreprise. La priorité a été accordée aux opérations courantes, suivies par les opérations du capital et l'entrée des investissements étrangers avant les investissements à l'étranger. Les investissements directs étrangers ont eu la priorité avant les investissements en portefeuille, les entreprises avant les individus et avant les institutions financières. « Cette démarche progressive a fait l'unanimité des instituts de notation et des établissements financiers étrangers », affirme le gardien du temple monétaire.
Une amnistie, mesure non isolée En 2004 les entreprises ont eu le droit de garder toutes leurs recettes en devises provenant de l'exportation ou de l'endettement extérieur dans le cadre des comptes professionnels en devise ou en dinar convertible. Le montant des devises à investir à l'étranger a augmenté que ce soit pour les entreprises exportatrices ou pour les entreprises résidentes. Pour les individus le montant de transferts comme allocation touristique a augmenté. En novembre 2006 des mesures ont été prises dans le cadre d'un programme cohérent de libéralisation financière extérieure s'étalant sur la période de 2007 à 2009. En novembre 2007 des mesures ont été prises pour consolider le marché dess changes et intégrer davantage le secteur bancaire tunisien dans le marché financier international. Concernant la loi du 25 juin 2007 se rapportant à l'amnistie des infractions de change, le Gouverneur de la Banque Centrale a rappelé qu'elle n'est pas une mesure isolée. Elle s'intègre dans le cadre d'un paquet de mesures visant à passer à un autre régime de change. Dans tous les pays ce genre de mesures est pris pour assainir la situation antérieure et entrer dans une nouvelle étape.