« Un projet de loi relatif à l'économie sociale et solidaire fait débat depuis quelque temps. Depuis que l'on parle de la nécessité de changer de modèle économique voilà une piste qui s'offre au pays. Mais d'abord, qu'est-ce que l'ESS : solidarité, priorité accordée au social, à l'écologique, la participation, l'équité et surtout l'innovation. Si la solidarité avec ses multiples formes a toujours été un liant pour les hommes en société, les formes que prend cette solidarité en économie s'inscrit dans un processus continu d'innovations. Notre continent africain connait déjà les tontines comme forme d'épargne collective conçue et adaptée aux divers groupes (femmes, hommes, agriculteurs, commerçants), la touiza, la ma3ouna qui réfère à des pratiques d'entraide pour la réalisation de projets tels la construction d'une demeure ou la récolte ». Riadh Zghal (Universitaire et consultante en gestion) « A moyen terme, la Tunisie pourrait vivre une des pires crises économiques et sociales de son histoire moderne, avec une baisse du PIB de ~-4 à -6% en 2020, des équilibres macro-économiques enfoncés dans le rouge (déficit budgétaire à 10%, dette publique +10%) et pourraient devenir insoutenables, un tissu d'entreprises terrassé et un chômage qui pourrait avoisiner les 19 à 20% d'ici fin 2020, avec plus de 800 mille chômeurs, selon les estimations. Malgré cette catastrophe annoncée, la crise aurait permis une prise de conscience, une accélération de décisions et de mesures parfois imparfaites, mais qui entament un changement forcé, pourvu que cela dure. Comme toute crise, celle-ci a ses perdants et aura aussi ses gagnants. Et nous devons forcer notre destin et dès aujourd'hui réfléchir aux opportunités qui se présentent à nous au niveau national et international ». Ouissem Ghorbel (Consultant en investissement et transformation) « La vidéosurveillance, dénommée aujourd'hui officiellement vidéo protection en France, se démocratise grâce à la baisse du coût de l'équipement, à la miniaturisation des caméras et à la hausse fulgurante de leur qualité en parallèle avec celle du débit contemporain de la communication. Ces caractéristiques induisent une prolifération silencieuse et imperceptible de leur installation dans notre paysage, ce qui conduit à une intrusion dans notre vécu quotidien. Personne n'y prête plus pourtant attention et, pire encore, devant l'augmentation de l'insécurité, du banditisme et du terrorisme, ces défenseurs la présentent comme la panacée pour une société plus agréable à vivre et le moyen rêvé à l'efficacité des services chargés de la sécurité de notre vie ». Chawki Gaddes (Président de l'Instance nationale de protection des données personnelles) « La communauté scientifique ne prévoit pas un vaccin avant la deuxième moitié de 2021 et les remèdes ne sont pas prêt à voir le jour. Dans ce contexte, deux stratégies sont possibles : l'immunité collective ou la distanciation sociale. Si la première a vite été abandonnée du fait qu'elle peut être présentée comme s'opposant aux droits humains basiques, le deuxième doit trouver un équilibre qui minimise à la fois les pertes humaines et les risques économiques et sociaux qui pourraient s'avérer plus onéreux en vies humaines que la pandémie elle-même. Poursuivre des mesures de distanciation sociale semble la seule alternative possible aujourd'hui pour éviter le chaos sanitaire. Le confinement total pourrait être utilisé par à-coups afin de garder une longueur d'avance sur la pandémie. Aussi il faut organiser autrement notre système productif en accélérant la digitalisation des services administratifs ainsi que de pousser à l'émergence de nouveaux métiers et nouvelles activités économiques ». Makram Montacer ( Enseignant-Chercheur à l'ISG de Tunis)