Fort heureusement. Grâce au confinement général lié au coronavirus et qui est toujours en vigueur, beaucoup de démons ne seront pas relâchés, à l'issue du saint mois de Ramadan, après l'Aïd el Fitr. Selon la tradition musulmane, en effet, le Bon Dieu enchaîne les démons durant Ramadan, croyance dans laquelle certains voient une allusion à l'enchaînement des passions humaines, à l'origine de la corruption et de la violence des hommes. Pourtant, un auteur a dit un jour que « rien ne se fait de grand, dans le monde, sans la passion ». Justement, d'après des associations tunisiennes, ni le confinement, ni Ramadan n'ont pu avoir raison des passions humaines. Dans un communiqué publié dernièrement, l'association « la voix des femmes » (aswat nissa) a averti que la violence familiale a augmenté de 9 fois plus qu'en temps ordinaire, au cours de la période du confinement émaillée par le mois de Ramadan, depuis le 24 avril. Elle a déploré notamment les retombées particulièrement négatives sur les femmes, signalant les difficultés rencontrées entre autres suite à la fermeture des centres publics de la santé reproductive. Des femmes de conditions très modestes avaient été obligées de s'adresser à des cliniques privées dans ce but, supportant les grandes dépenses qui en avaient découlé (le journal Le Temps avait relaté l'histoire de l'une d'elles). Tentations On a espéré que la réduction des sources de tentations pendant le confinement et le ramadan, comme celles poussant à l'abus d'alcool et de vin, en raison de la fermeture des débits de boissons alcoolisés et des bars et restaurants, entrainerait moins d'agressivité. En Tunisie comme partout ailleurs, l'abus d'alcool et de vin demeure une des sources de la violence, notamment la violence au sein de la famille. Les effets sociaux de ce genre de situations (confinement, ramadan, maladies) ne bénéficient pas de l'intérêt requis chez les spécialistes et les décideurs, à l'inverse des effets économiques alors qu'ils revêtent autant d'importance, sinon davantage.