La maladie de Kawasaki est une maladie inflammatoire aiguë qui touche particulièrement les enfants de moins de 5 ans. En Italie, Royaume-Uni, Belgique mais aussi en France, des médecins ont alerté les autorités sur des cas de syndromes inflammatoires observés chez de jeunes enfants avec des symptômes proches de la maladie de Kawasaki et pour la plupart avec une infection Covid-19 récente. Qu›est-ce que cette maladie ? Quels sont ses signes et ses traitements? Les explications du Dr Salem Sahli, pédiatre. LE TEMPS : Qu›est-ce que la maladie de Kawasaki et quels sont ses signes ? Dr Salem Sahli, pédiatre : La maladie de Kawasaki, ou syndrome de Kawasaki, est une maladie inflammatoire systémique aiguë qui survient principalement chez les enfants de moins de 5 ans et peut entraîner de graves séquelles cardiaques et la mort. Elle est la principale cause de maladie cardiaque acquise chez les enfants des pays industrialisés d'Asie, d'Europe et d'Amérique du Nord. Des cas sont observés dans le monde entier, mais c›est en Asie qu›elle est la plus fréquente. Elle touche environ un enfant de moins de 5 ans pour 1000 au Japon, le pays où elle a été décrite pour la première fois en 1967 par le pédiatre Tomisaku Kawasaki. Il faut y penser devant toute fièvre persistante chez l'enfant atteignant ou dépassant 40°C pendant 5 jours d'affilée ou plus, associé à au moins 4 des 5 signes cliniques suivants : éruption cutanée ;gonflement anormal des ganglions du cou ; irritation et rougeur des blancs des yeux (conjonctivite bilatérale) ;irritation/inflammation de la bouche, de la langue, des lèvres et de la gorge liée à l'altération de la muqueuse buccale ;gonflement des mains et des pieds. On ignore encore ce qui cause la maladie de Kawasaki. Ses caractéristiques cliniques et épidémiologiques orientent les chercheurs vers une cause infectieuse, mais ils échouent encore à l'identifier. L'hypothèse la plus solide est que la maladie de Kawasaki est provoquée par un agent infectieux produisant des effets cliniques chez des sujets génétiquement prédisposés, en particulier les Asiatiques. Est-ce que il y un lien entre l›infection par le SARS-CoV-2 et cette pathologie? Au 30 avril 2020, une vingtaine d'enfants ont été admis en réanimation en région parisienne, présentant un syndrome inflammatoire. Des médecins d'Italie, du Royaume-Uni et de France alertent sur ces cas avec des syndromes inflammatoires présents chez des jeunes enfants, âgés entre 10 et 15 ans. Les symptômes sont proches de ceux de la maladie de Kawasaki et un lien est approché avec le Covid-19. C'est au Royaume-Uni que l'alerte a été lancée. Le National Health Service, NHS (Agence de Santé du pays), rapporte alors une douzaine d'enfants hospitalisés, dans un état grave. Ces jeunes patients présentent une forte fièvre, une inflammation des artères : des symptômes identiques à la maladie de Kawasaki. Le lien avec le Covid-19 est probable pour les raisons suivantes : 1/ la concomitance entre l'afflux dans les hôpitaux de ces enfants porteurs d'une maladie rare et la pandémie du Coronavirus. 2/ Ces jeunes patients présentent une forte fièvre, une inflammation des artères : des symptômes identiques à la maladie de Kawasaki et 3/ La plupart des enfants ont été testés positifs au Covid-19 soit par PCR et/ou par test sérologique. Cela rend le lien avec le Covid-19 probable. Une maladie rare, mais qui peut être grave. Des cas en Tunisie? La maladie de Kawasaki est une maladie rare mais non exceptionnelle en Tunisie. L'immense majorité des cas publiés par les équipes tunisiennes sont des cas bénins ne comportant pas d'atteinte cardiaque. Il faut y penser devant toute fièvre persistante chez l'enfant d'autant plus qu'elle s'accompagne d'un ou de plusieurs critères majeurs et ce, afin d'instaurer un traitement précoce permettant de prévenir l'atteinte coronarienne. Quels sont les traitements ? Le traitement standard consiste à administrer des immunoglobulines par voie intraveineuse et de l'aspirine pour prévenir l›inflammation de la paroi de l›artère coronaire. Quand il est suffisamment précoce, il permet de réduire nettement le risque de séquelles cardiaques et donc l'apparition d'anévrismes coronariens et d'infarctus.