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Assassinat d'un "symbole"
Publié dans Le Temps le 28 - 12 - 2007

Le Temps-Agences - "En ce moment, je ne pense pas à la mort", disait Benazir Bhutto à l'heure de rentrer au Pakistan après huit années d'exil. Celle qui fut la première femme à diriger le gouvernement d'un pays musulman se savait menacée en retournant chez elle. Mais, disait-elle, "je rentre pour le peuple du Pakistan".
"J'ai préparé ma famille et mes proches à toute éventualité", confiait-elle encore avant de regagner son pays.
A peine était-elle rentrée d'exil, le 18 octobre dernier, que la chef de file du Parti du peuple pakistanais (PPP) était déjà la cible d'un attentat suicide. L'attaque avait fait près de 150 morts parmi les centaines de milliers de personnes venues l'accueillir à Karachi.
"Je sais que je suis un symbole de ce que les soi-disant 'djihadistes', talibans et Al-Qaïda craignent le plus", écrivait Benazir dans son autobiographie: "Je suis une femme, dirigeante politique, qui lutte pour apporter la modernité, la communication, l'éducation et la technologie au Pakistan".
Brièvement assignée à résidence en novembre, alors que le président Pervez Musharraf venait de proclamer l'état d'urgence, Benazir Bhutto était repartie en campagne électorale en vue des législatives du 8 janvier prochain.
Finis les contacts et les approches en vue d'un partage du pouvoir avec Musharraf, dont elle réclamait désormais la démission. "Il est temps qu'il parte. Il doit démissionner de la présidence", disait-elle le 13 novembre.
L'ex-chef du gouvernement (1988-90 puis 1993-96), qui n'exerçait plus de responsabilité depuis dix ans, n'avait guère perdu de son charisme et, à 54 ans, demeurait l'une des femmes politiques les plus connues de la planète.
"Cet acte est l'œuvre de ceux qui veulent désintégrer le Pakistan, parce qu'elle était un symbole d'unité. Ils ont achevé la famille Bhutto. Ce sont les ennemis du Pakistan", a déclaré à Reuters un haut responsable de son parti, Farzana Raja.

L'"héritière"
Benazir Bhutto était née le 21 juin 1953 dans une riche famille de propriétaires terriens. Son père, Zulfikar Ali Bhutto, fut président puis Premier ministre du Pakistan avant d'être renversé en juillet 1977 par Zia-Ul-Haq et exécuté deux ans plus tard.
Formée à Harvard et à Oxford, Bhutto avait pris une dimension nouvelle à la mort de son père. L'"héritière" recueillait ses dernières volontés et serait désormais sa légataire et sa continuatrice. Par son seul prénom, qui signifie "l'unique", elle devenait le chef de file de tous les opposants au régime militaire de Zia.
Arrêtée, assignée à résidence, elle s'exilait une première fois à Londres où elle réorganisait le PPP, fondé par son père. En avril 1986, elle regagnait triomphalement le Pakistan pour assister à l'inhumation de son frère Shahwanaz, mort dans des circonstances floues dans le sud de la France.
Aux foules qui l'accueillirent alors, elle promettait de rétablir la démocratie et devenait le symbole de la lutte contre le pouvoir militaire. Deux ans plus tard, la mort de Zia dans un mystérieux accident d'avion en août 1988 bouleversait la donne.
A 35 ans, le 2 décembre 1988, après la victoire du PPP, elle était nommée à la tête du gouvernement. Son arrivée aux affaires était saluée par le monde entier qui y voyait le retour de la démocratie dans un pays en proie depuis onze ans à une dictature militaire.
Mais sa première expérience du pouvoir tournait court. En 1990, cible d'accusations de corruption, elle était limogée. Son retour au pouvoir, en octobre 1993, n'allait guère être plus heureux. Le 5 novembre 1996, de nouvelles accusations de corruption lui coûtaient une nouvelle fois sa place.

"J'ai mis ma vie en danger"
En 1999, Bhutto et son mari, qu'elle avait nommé sous son deuxième mandat ministre des Investissements, étaient condamnés à cinq ans de prison assortis d'une amende de 8,6 millions de dollars pour corruption, reconnus coupables d'avoir accepté des pots-de-vin versés par une entreprise suisse. Commençait alors une nouvelle vie d'exil.
Leur condamnation avait été ultérieurement cassée en appel mais Bhutto, qui se trouvait à l'étranger lors du procès en première instance, choisissait alors de ne pas rentrer au Pakistan.
L'année dernière, elle avait rejoint l'Alliance pour le rétablissement de la démocratie, où elle côtoyait Nawaz Sharif. Mais les deux rivaux étaient en désaccord sur la stratégie à suivre et Bhutto décidait de négocier seule avec le général-président.
"J'ai mis ma vie en danger, je suis rentrée parce que je sentais que ce pays était en danger. Les gens sont inquiets, mais nous sortirons ce pays de la crise", déclarait-elle hier quelques minutes à peine avant sa mort.
L'homme qui a ouvert le feu sur elle hier dans un parc de Rawalpindi ne lui en aura pas laissé l'occasion.


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