18 juin 2020, Elyès Fakhfakh préside un Conseil des Ministres. L'ordre du jour comprend l'approbation de 34 projets de lois ainsi que deux autres projets relatifs au passeport et à la carte nationale d'identité biométriques. La Justice Transitionnelle ainsi que le politique pénal. L'ordre du jour du dernier Conseil ministériel de l'actuel gouvernement, a connu, par contre, un acharnement des ministre nahdhaouis. De telle sorte qu'ils ont menacé le Chef du gouvernement de démissionner. Que se passe-t-il à la Kasbah ? D'après une source fiable, les ministres du premier bloc islamiste (le deuxième représentant de cette idéologie étant la coalition Al Karama) à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) exigent, implicitement, l'élargissement de la coalition gouvernementale, entre autres l'admission de Qalb Tounès, parti présidé par Nabil Karoui, principal allié de Rached Ghannouchi à l'ARP (voir deuxième partie). La réponse du Chef du Gouvernement était directe, d'après notre source. Mais avant, celle de Mohamed Abbou, super-ministre à la Kasbah, était surprenante. Les ministres démissionnaires seront remplacés par des ministres par intérim. Elyès Fakhfakh va plus loin en affirmant que les ministres nahdhaouis seront remplacés par des ministres, sans même passer par l'ARP. C'est-à-dire ? Face à la menace lancée par ses confrères, Fakhfakh hausse le ton et explique qu'il a le droit, d'après la Constitution, de remplacer tout ministre démissionnaire par un autre sans même passer par l'ARP. D'après notre source, cette démarche s'appuie sur le fait que la Constitution prévoit dans son article 92 (voir encadré) que la nomination, la révocation et le remaniement relèvent exclusivement des compétences du Chef du Gouvernement. Il doit, -comme il peut (la constitution est explicite à ce propos) informer- sollicité l'aval du Président de la République, ayant rejeté l'idée. Ennahdha est ses alliés n'aiment pas ça. Karoui-Ghannouchi le duel Flash-back. Il est mercredi 19 février. Vers minuit, Ennahdha annonce le vote de confiance pour le gouvernement Elyès Fakhfakh. Et elle y adhère avec 7 ministres. Deux mois avant, Rached Ghannouchi fut élu Président à l'ARP, contre son rival Ghazi Chaouachi du Courant démocratique, après le vote des députés de Qalb Tounès. Son adversaire sera nommé plus tard ministre des Domaines de l'Etat. Le gouvernement prend fonction, sans aucun représentant du parti Qalb Tounès. Elyès Fakhfakh, confirme les exigences de Mouvement du Peuple, du Courant démocratique et même Tahya Tounès d'exclure Qalb Tounès de la coalition gouvernementale. Rached Ghannouchi, cède également. Il a d'ailleurs promis à ses électeurs de ne pas s'allier à aucun scénario avec Nabil Karoui, soupçonné de corruption par les décideurs et les partisans nandous. Une promesse de Gascon ? Cette promesse électorale n'est pas respectée. Puisque, deux mois après l'installation du gouvernement, Rached Ghannouchi change d'avis et annonce en premier lieu, l'importance et la nécessité d'élargir la coalition au pouvoir. Il change de lexique, en deuxième étape. Rached Ghannouchi, exige et persiste pour l'inclusion de Qalb Tounès, au gouvernement. Jusqu'à la date de 25 juin, Nabil Karoui a préféré silence garder. Le jour de l'audition du Chef du Gouvernement à l'ARP, il annonce qu'il refuse cette inclusion. Un jeu de rôle entre les deux décideurs ? C'est assez simple. Laisser du temps au temps.