« Il est tout à fait légitime de se poser la question suivante : quel sera le sort du gouvernement de gestion des affaires courantes conduit par Elyès Fakhfakh au cas où le nouveau gouvernement qui devrait être formé par le chef du gouvernement désigné, Hichem Méchichi, n'obtient pas la confiance de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). A ce niveau, il est à préciser que dans ce cas-là, le gouvernement d'Elyès Fakhfakh pourrait être maintenu au pouvoir pendant une année en attendant la dissolution du Parlement, la tenue des élections anticipées et la mise en place d'un nouveau gouvernement conformément aux dispositions de l'article 89 de la Constitution. En outre, le dirigeant de Qalb Tounes a, dans ce contexte, appelé le président de la République, Kaïs Saïed, en tant que garant de la Constitution, à réfléchir sur la constitutionnalité de cette question ». Jawhar Mghirbi (Dirigeant au sein du parti Qalb Tounes) « Je commence par lancer un appel à l‘actuel ministre de l'Intérieur chargé par le président de la République de former le nouveau gouvernement, d'opter pour une équipe réduite de technocrates. Encore mieux, j'estime que l'approche adoptée par le chef de l'Etat, en nommant une personnalité sans prendre en compte les candidats proposés par les partis, est une bouffée d'air pour les Tunisiens qui souffrent depuis 2011 de calculs partisans qui ont mené le pays à la faillite. Toutefois, j'appelle les composantes de la scène politique, à l'ARP et en dehors de l'Assemblée, à se remettre en question, à faire leur bilan pour cette dernière décennie. Vous avez vendu des illusions au peuple, vous avez échoué à gouverner le pays, vous n'avez pas prouvé que vous êtes l'alternative à ce que vous appelez la ruine. Arrêtez vos démonstrations de force factice, la Tunisie a besoin plus que jamais d'une trêve politique... ». Samira Beizig Slama (Députée du bloc national) « Ce qui se passe actuellement de porter, encore plus, atteinte à l'image déjà ternie de l'ARP. Par ailleurs, le mouvement Ennahdha est en train d'effectuer des pressions assez importantes et de mener dans une course contre la montre, une véritable guerre psychologique sur les élus progressistes juste quelques heures avant la séance plénière d'examen du retrait confiance de Rached Ghannouchi. Ennahdha essaie de soudoyer les élus par des nominations et des postes importants outre ses tentatives de faire pression sur eux pour qu'ils ne votent pas pour la motion de censure le président de L'ARP. A noter dans ce même contexte que les députés ont été surpris d'apprendre que le vote sera confidentiel et qu'il se déroulera sans interventions des élus et sans débat. Ceci dit, je pense que le mouvement Ennahdha va tout faire pour créer du grabuge et annuler la séance ». Nesrine Laâmari (Députée et assesseure chargée de l'information et de la communication à l'ARP) « La Tunisie a le potentiel pour réussir sa transition économique mais cela passe par des choix fondamentaux : redonner de l'espoir aux jeunes, libérer le potentiel du secteur privé, lutter contre la corruption, et donner la priorité à l'innovation et aux exportations, et donc d'une dose certaine de libéralisme... Pour cela, le prochain gouvernement ne doit pas seulement offrir de nouvelles opportunités à ceux qui sont le plus à même d'en bénéficier mais prendre en compte aussi les plus vulnérables, ceux qui ne sont pas capables d'en tirer profit. Permettre par l'éducation et la formation de donner une forme d'égale opportunité, de mettre tout le monde sur la ligne de départ, afin de libérer le bouillonnement créatif des jeunes plein de surprises et d'innovations. Nous devons repenser le capitalisme. Non pour l'abolir, mais pour le réformer. Un capitalisme tunisien, déconcentré, ouvert aux nouveaux compétiteurs et équilibré entre ses différents acteurs, avec un fort accent sur la justice sociale et sur la nécessité de lutter contre les inégalités en développant un vrai système de protection ». Ghazi Ben Ahmed (Président du think tank Mediterranean Development Initiative)