Les jeux sont faits, maintenant, et les partis politiques représentés à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) savent à quoi s'en tenir, puisque le chef du gouvernement désigné, Hichem Méchichi, a promis de former un gouvernement «de compétences entièrement indépendantes» dont les membres répondront aux critères d'efficacité, de promptitude et d'intégrité. Il avait, aussi, jugé « impossible « de constituer un gouvernement regroupant toute la classe politique à la lumière du climat de tension qui règne dans le pays. Le chef du gouvernement a tranché, surtout qu'il a vu être dans l'impossibilité de constituer « un gouvernement d'union nationale », parce qu'il n'avait vu aucune possibilité d'union entre des politiciens qui tirent chacun sur la corde de son côté. Ennahdha veut un gouvernement où Qalb Tounès et, pourquoi pas aussi, la Coalition Al Karama soient représentés. De l'autre côté, les mouvement Attayar et Echaâb veulent un cabinet où Ennahdha ne sera pas représentée, alors que le Parti destourien libre (PDL) ne veut pas composer avec les «Khouanjias». Incapable de répondre à leurs désirs et sentant que, quelle que soit sa composition selon la forme que les blocs parlementaires veulent, il ne sera pas capable d'aller loin dans son programme de redressement économique et social. Et, c'est, ainsi, qu'il a opté pour des compétences totalement indépendantes et non-partisanes. Le chef du gouvernement désigné continue, quand même ses tractations, avec des rencontres, hier, avec Ennahdha, le bloc démocratique, Qalb Tounès et la Coalition Al Karama. Certes, il n'allait pas attendre plus que ce qui a été affirmé par ces quatre blocs dont certains continuent leurs fanfaronnades, mais, tout de même, dans la crainte de la dissolution de l'ARP. Ennahdha ne désespère pas «Nous sommes contraints de revenir vers les organes du parti qui ont le pouvoir de prendre la décision quelle qu'elle soit» a fait savoir hier le président du bloc Ennahdha au parlement Noureddine Bhiri à l'issue de son entretien avec Hichem Méchichi. «Le dialogue va se poursuivre concernant la composition du prochain gouvernement et nous espérons qu'il sera formé de manière consensuelle entre toutes les parties», a-t-il déclaré. Bhiri a tenu à préciser que l'annonce faite par le chef du gouvernement désigné d'opter pour un gouvernement de compétences indépendantes, a été précédée par la position du Conseil de la Choura, lequel était favorable à un gouvernement d'union nationale doté d'un large soutien politique et qui prend en compte aussi bien les équilibres au sein du parlement que les résultats des législatives. «Le gouvernement de compétences indépendantes n'a pas toutes les garanties nécessaires pour réussir. Ce gouvernement va ressentir «la peur» d'une éventuelle dissolution du parlement même si ce dernier lui accorde sa confiance», a averti Zouheir Maghzaoui, député du bloc démocratique et secrétaire général du mouvement Echaâb. Il a ajouté que «l'idée d'un gouvernement entièrement indépendant des partis n'est pas applicable sur le terrain». A ce propos, il a mis en garde contre l'annulation du rôle des partis politiques, soulignant qu'il faut distinguer entre des partis militants et d'autres à l'origine de la crise politique qui secoue actuellement le pays. Le secrétaire général du mouvement Echaâb a indiqué que les concertations avec Hichem Méchichi ne sont pas terminées, laissant entendre que le chargé de former le gouvernement va examiner avec son équipe de conseillers les idées qui lui ont été présentées par le bloc démocratique. Le président du parti Qalb Tounès n'y est pas, lui aussi, allé du dos de la cuillère. Il a expliqué, à l'issue de sa rencontre avec Méchichi que ce qui compte pour son parti, c'est le programme du gouvernement, et « non pas que ce dernier soit partisan ou celui de compétences indépendantes », ajoutant que « si le président Kaïs Saïed voulait d'un gouvernement partisan, il n'aurait pas désigné Hichem Méchichi pour le former ». Est-ce une manière de se démarquer du mouvement Ennahdha ? Seul l'avenir nous le dira Pour sa part, la Coalition Al Karama a fait valoir sa position, bien avant la rencontre. Seifeddine Makhlouf, président du bloc avait affirmé que son parti ne votera pas la confiance au gouvernement qui sera formé, sur la base de technocrates indépendants En outre, et après plusieurs refus, le PDL est revenu à de meilleurs sentiments, en décidant, finalement de participer aux consultations, après avoir décliné la première invitation de Méchichi. La donne a changé, avec la formation d'un gouvernement de compétences indépendantes et le PDL a annoncé qu'il a décidé de participer aux concertations et ce revirement est certes la conséquence de la décision d'écarter les partis. Le PDL a, donc, annoncé qu'il accepte de rencontrer, aujourd'hui, le chef du gouvernement désigné. Pour les partis, Méchichi ne semble pas prêt à faire un revirement, et il est nécessaire de faire tomber les fanfaronnades et de chercher, au moins une fois, l'intérêt du pays, avant leurs intérêts partisans.