Entre confrontation géostratégique, commerciale et technologique, la dégradation des relations sino-américaines s'accélère. Deux ans après la guerre commerciale déclarée par l'administration Trump à la Chine, les nouveaux fronts de tensions s'accumulent entre les deux superpuissances mondiales. Ce fossé entre la Chine et les Etats-Unis, qui se creuse de semaine en semaine, prend des allures de «nouvelle Guerre froide». La fermeté face à la Chine s'impose par ailleurs comme l'un des thèmes majeurs dans la campagne pour la présidentielle du 3 novembre prochain entre le sortant Donald Trump, qui présente son adversaire démocrate Joe Biden comme faible face à Pékin. Hong Kong, coronavirus, répression des Ouïghours, Taïwan, Huawei et plus récemment Tik Tok... Jusqu'où ira l'escalade de tension entre les deux pays ? Cet engrenage de sanctions, représailles et contre-représailles, ne cesse de rythmer l'actualité. Entre confrontation géostratégique, commerciale et technologique, Le Figaro fait le point. Guerre commerciale Les Etats-Unis, qui jugent déséquilibrée leur balance commerciale avec la Chine, lui déclarent la guerre commerciale en mars 2018. C'est rapidement l'escalade, à coups de taxes douanières punitives sur des centaines de milliards de dollars d'échanges bilatéraux. De trêves en reprises des hostilités, les deux superpuissances finissent par signer en janvier 2020 un accord préliminaire, où Pékin s'engage à accroître de 200 milliards de dollars sur deux ans ses achats de produits américains. En juillet, le président américain Donald Trump et le président chinois Xi Jinping, disent ne pas envisager «pour le moment» de deuxième phase à l'accord, les relations étant «gravement endommagées». La crise du Covid-19 attise les tensions entre Washington et Pékin. Le rôle de la Chine dans la pandémie, qui fait des ravages aux Etats-Unis, continue par ailleurs de faire débat, le président Donald Trump s'obstinant à parler du « virus chinois ». Le président américain accuse les autorités chinoises d'avoir dissimulé l'ampleur de l'épidémie, apparue fin 2019 dans la ville de Wuhan (centre de la Chine), facilitant ainsi sa propagation. Tensions autour de Hong Kong Washington et Pékin s'affrontent aussi autour de l'introduction à Hong Kong d'une nouvelle loi sur la sécurité nationale jugée liberticide par les opposants au régime. La Chine a promulgué la loi fin juin, arrêtant des manifestants dès le lendemain. En représailles à cette loi imposée par Pékin à Hong Kong, Washington révoque le statut commercial préférentiel accordé à l'ex-colonie britannique, restreint les visas pour les responsables chinois accusés de «remettre en cause» l'autonomie du territoire et arrête la vente d'équipements de défense sensibles à Hong Kong. En 2018, HongKong a vendu sous le régime préférentiel pour 6,3 milliards de dollars de marchandises aux Etats-Unis, en particulier des équipements électriques, des métaux précieux ou des plastiques. Ouïghours : de «graves atteintes» aux droits humains Les Etats-Unis infligent début juillet des sanctions à plusieurs dirigeants de la région du Xinjiang (nord-ouest), accusés de «graves atteintes» aux droits humains, puis placent onze entreprises chinoises, soupçonnées de participer à la persécution de la minorité ouïghoure, sur une liste noire limitant leur accès à des technologies et produits américains. Washington accuse la Chine d'avoir interné dans le Xinjiang au moins un million de musulmans. La Chine dément et parle de centres de formation professionnelle, destinés à aider la population à trouver un emploi pour l'éloigner de la tentation de l'extrémisme islamiste. Accusations d'espionnage Le 22 juillet dernier, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a appelé « le monde libre » à « triompher » face à la « nouvelle tyrannie » incarnée, selon lui, par la Chine communiste. La veille, Washington avait ordonné la fermeture du consulat chinois à Houston (Texas), accusé d'être « une plaque tournante de l'espionnage ». Une grave mesure diplomatique qui symbolise un nouveau pallier dans l'escalade sans précédent entre les deux grandes puissances rivales. Pékin a promis des représailles contre cette décision inédite depuis l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays en 1979. Dialogue diplomatique musclé entre les deux plus grandes puissances mondiales, le gouvernement chinois a dénoncé une « calomnie malveillante » qui « démolit le pont d'amitié entre les Chinois et les Américains ». Réplique de la Chine trois jours plus tard, en ordonnant la fermeture du consulat américain à Chengdu (province du Sichuan). À la télévision chinoise, le 27 juillet, le drapeau américain est abaissé. Tout un symbole. «La paix en danger» à Taïwan Autre sujet de discorde, les Etats-Unis renforcent leur lien avec Taïwan sous l'œil courroucé de Pékin. Lundi 10 août, la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, a reçu le secrétaire américain à la Santé, Alex Azar, arrivé la veille pour une visite de trois jours. Une première pour un ministre américain depuis plus de quarante ans et une visite hautement symbolique qui a fait grincer des dents à Pékin.