Ce ne sont pas les pressions politiques sur la Tunisie qui vont arrêter le phénomène de la migration irrégulière, et ce ne sera pas le « rapatriement forcé » qui vont dissuader les candidats aux «voyages de la mort » qui risquent leur vie, en voulant chercher « l'eldorado », en Europe, surtout en raison du marasme économique conforte son règne, dans les secteurs d'activité où le chômage a atteint un taux de 18% et que des familles entières tentent l'expédition, pour fuir la pauvreté. Croyant pouvoir mettre la pression sur la Tunisie, l'Italie, épaulée par l'Union européenne, a délégué deux de ses ministres, celui des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, et celle de l'Intérieur, Lucian Lamorgese (dont c'est la 2ème visite, en moins d'un mois), épaulés par le commissaire européen à la politique de voisinage et le celui aux affaires intérieures. Cette forte délégation a été accueillie, hier, par le président de la République, Kaïs Saïed. Les migrants arrivés en Italie de manière irrégulière «seront rapatriés», a averti, lundi à Tunis, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio, à l'issue d'une séance de travail Tunisie-Italie-Europe, présidée par le chef de l'Etat Kaïs Saïed au palais de Carthage. Dans une déclaration aux médias, le chef de la diplomatie italienne a souligné la disposition de son pays à continuer à soutenir la Tunisie, se félicitant des efforts fournis par l'Union européenne dans ce sens et en matière de lutte contre l'émigration irrégulière. Selon la secrétaire d'Etat, chargée de la gestion du département des affaires étrangères, Selma Ennaïfer, le président Kaïs Saïed a indiqué «qu'il ne faut pas se contenter de l'approche sécuritaire pour réduire le flux migratoire vers les côtes italiennes». Saïed a souligné la nécessité de la conjugaison des efforts en vue de la mise en place d'une approche de développement global qui encouragent les migrants à ne pas quitter leur pays d'origine. D'après la même source, le chef de l'Etat a souligné la pleine détermination de la Tunisie à développer la coopération avec toutes les parties concernées pour trouver des solutions à ce phénomène. La délégation euro-italienne qui a pris part à cette séance de travail, comporte outre le ministre italien des Affaires étrangères, la ministre italienne de l'Intérieur Lucian Lamorgese, le commissaire européen à la politique de voisinage et le commissaire européen aux affaires intérieures. Saïed peut faire toutes les promesses qu'ils veulent entendre, et les Italiens peuvent proférer toutes les menaces du monde, mais, cela ne va pas résoudre le problème. Il n'y a qu'à voir le nombre de tentatives qui avaient échoué au cours du week-end, grâce aux efforts de la garde et la marines nationales, pour comprendre l'ampleur du désespoir, alors que la Tunisie plonge de plus en plus dans le marasme économique et dans une crise dont on ne voit pas le bout. La Tunisie agit avec les moyens du bord et il n'y a qu'à voir le nombre des opérations organisées par les passeurs (voir encadré), pour s'en rendre compte. Entretemps, plusieurs autres opérations réussissent. L'Italie, et les pays européens, en général, avec leurs importants moyens n'ont pas pu protéger leurs côtes. Alors que dire de la Tunisie qui vit une situation économique peu reluisante, étant sans gouvernement, avec une classe politique qui s'entredéchire et le danger extrémiste qui guette du côté de la Libye où la Turquie a envoyé plus de 6000 extrémistes dont bon nombre de Tunisiens qui ont une dent contre leur pays. L'Europe doit mettre la main dans son portefeuille, pour aider la Tunisie, dans sa crise, tout en lui fournissant les moyens matériels pour qu'elle devienne « la première frontière de l'Europe ». Sans le développement économique et l'emploi, rien ne pourra dissuader les candidats à l'émigration clandestine de tenter le voyage, même au risque d'être refoulés, par la suite. A bon entendeur, salut !