Le roi de Bahreïn a réaffirmé hier devant le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, en tournée au Moyen-Orient, que son pays soutenait la création d'un Etat palestinien, rejetant implicitement l'appel de Washington à établir rapidement des relations avec Israël. Le chef de la diplomatie américaine se trouvait à Manama, troisième étape d'une tournée régionale visant à rapprocher Israël des pays arabes après l'accord historique de normalisation des relations entre l'Etat israélien et les Emirats arabes unis. Selon l'agence officielle BNA, le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa a souligné durant un entretien avec M. Pompeo "l'importance des efforts pour mettre fin au conflit israélo-palestinien sur la base d'une solution à deux Etats". De quoi garantir selon lui "une solution globale et durable au Proche-Orient qui conduirait à la création d'un Etat palestinien avec Al Qods-Est pour capitale, conformément au droit international et à l'initiative de paix arabe", qui demande le retrait de l'Etat hébreu des territoires arabes occupés depuis 1967 en échange d'une normalisation. La stabilité de la région et l'Iran ont dominé l'entretien, a indiqué le département d'Etat américain dans un bref communiqué. M. Pompeo a remercié le roi pour "l'amitié et le partenariat stratégique que Bahreïn entretient avec les Etats-Unis". Bahreïn est le siège de la 5e flotte américaine. M. Pompeo a tweeté avoir évoqué avec le prince héritier Salmane ben Hamad Al-Khalifa, "l'importance de renforcer la paix et la stabilité dans la région, y compris par le renforcement de l'unité des (pays arabes) du Golfe pour contrer l'influence maligne de l'Iran". Bahreïn et Israël partagent avec d'autres pays arabes de la région la même hostilité à l'égard de l'Iran. Manama accuse la République islamique d'instrumentaliser la communauté chiite de Bahreïn contre la dynastie sunnite au pouvoir. Le petit royaume, qui entretient des contacts avec Israël depuis les années 1990, a d'ailleurs été le premier pays du Golfe à saluer l'accord entre les Emirats et l'Etat israélien. En Israël, lors de la première étape de sa tournée au Moyen-Orient, M. Pompeo s'était dit lundi "optimiste" quant à la possibilité de voir d'autres pays arabes suivre l'exemple des Emirats arabes unis, qui ont annoncé le 13 août la normalisation de leurs relations avec l'Etat israélien. Mais il s'est heurté mardi à un refus du Soudan, dont le gouvernement a dit n'avoir pas "de mandat" pour établir ou non des relations normales avec Israël, et ce jusqu'à la fin de la période de transition qui court jusqu'en 2022. Bahreïn suit une position proche de son allié saoudien, qui n'a pas critiqué l'accord du 13 août mais exclut une normalisation avec Israël sans règlement préalable de la question palestinienne. Les Palestiniens dénoncent l'accord: certains y voient un "coup de poignard dans le dos", et tentent de mobiliser des puissances étrangères pour y faire obstacle. Des analystes ont déclaré que même si M. Pompeo n'arrivait pas à convaincre Bahreïn de l'utilité de liens officiels avec Israël, ce petit royaume peut jouer le rôle d'intermédiaire important dans la diplomatie régionale. M. Pompeo est arrivé hier après-midi aux Emirats et a entamé des entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane et le conseiller à la sécurité nationale Tahnoun ben Zayed Al-Nahyane. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a démenti des informations selon lesquelles cet accord comportait la vente d'avions de combat F-35 américains aux Emirats, s'opposant à une telle transaction qui pourrait priver Israël de sa supériorité technologique dans la région.