Le Temps-Agences - Bahreïn a annoncé avoir déjoué un «complot» contre sa sécurité, au moment où les relations avec l'Iran de ce petit royaume du Golfe soutenu par l'Arabie saoudite et les Etats-Unis s'enveniment. Et cette tension met en relief l'enjeu stratégique de cet archipel, où la dynastie des Al-Khalifa est contestée par une opposition dominée par des chiites, qui forment la majorité de la population autochtone. “Le royaume de Bahreïn a mis en échec un complot étranger qui était fomenté depuis au moins vingt ou trente ans”, a annoncé le roi Hamad Ben Issa Al Khalifa, dans des propos rapportés par l'agence officielle. Il n'a pas précisé quel pays était impliqué dans ce complot, mais Manama et les responsables saoudiens ont dénoncé l'influence de l'Iran derrière les troubles récents à Bahreïn, qui ont fait craindre pour la stabilité du régime. Les Saoudiens ont dépêché un millier d'hommes de troupe la semaine dernière en signe de soutien à la lignée des Al-Khalifa, et la police est ensuite intervenue brutalement pour chasser du centre de Manama des protestataires qui y campaient depuis des semaines. Les Emirats Arabes Unis et le Qatar ont également envoyé des soldats, dans le cadre des accords de défense des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Les Etats-Unis, qui maintiennent à Bahreïn le commandement de leur Vème flotte chargée la protection des routes pétrolières du Golfe, ont appelé les autorités à la retenue, mais se sont abstenus de toute autre pression. Alors que Washington est intervenu militairement en Libye, aux côtés de pays occidentaux et arabes, pour stopper les assauts du colonel Mouammar Kadhafi contre des groupes rebelles, la diplomatie américaine a souligné qu'aucun parallèle ne pouvait être dressé avec Bahreïn. Le conseiller du président Barack Obama pour la sécurité nationale, Tom Donilon, a insisté sur le fait que les situations en Libye et à Bahreïn n'étaient “pas comparables”, justifiant la différence de réaction américaine. Il a ajouté que le pouvoir à Bahreïn avait proposé un dialogue national avec l'opposition, mais celle-ci l'a refusé exigeant d'abord la démission du Premier ministre, oncle du roi, qui détient cette fonction depuis 40 ans. Samedi, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait également estimé que Bahreïn avait “Le droit souverain” de faire appel à ses voisins du Golfe pour sa défense. Le roi Hamad, dans ses propos rapportés par l'agence officielle BNA, a assuré que le complot déjoué visait tous les pays du CCG -- l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Qatar, Oman et Koweït. “Les Etats-Unis ont un engagement sans faille envers la sécurité du Golfe”, a rappelé Mme Clinton la semaine dernière, et elle avait dénoncé les activités de l'Iran qui sapent selon “la paix et la sécurité” de cette région.