Le CSS, équipe sympathique, pratiquant un jeu plaisant et agréable, vient de sombrer dans l'hypocrisie, en voulant hypertrophier un aspect du comportement en jeu. Erreur fondamentale. Le sport fait social, politique et économique, n'échappe pas à la mutation brutale de la société, caractérisée par la rage de vaincre et d'aller de l'avant. Le retrait, l'abandon, la démission, ternissent l'image du club, qui est une école de valeur morale, d'abnégation, d'amour. Les Agrebi, Dhouib.... sont le meilleur témoignage de la sympathie et du beau jeu. Les choses évoluent, et la rage de vaincre, de se hisser en haut du tableau, expliquent l'agressivité qui caractérise le football moderne. Jean Letessier disait : « d'une façon générale, se pose le problème de la place des conduites d'opposition qui imposent à notre conscience une image réaliste de notre instinct agressif dans la formation de l'individu. L'expérience de l'opposition directe n'est-elle pas aussi indispensable à notre formation, à notre équilibre affectif, à notre connaissance de soi et des autres que les relations amicales et coopératives ». L'instinct d'agressivité est une réalité : Essayer de le refouler ou en faire abstraction est une erreur. L'éducateur doit en faire prendre conscience afin de permettre au joueur de s'en rendre maître. Le défoulement nécessaire de l'instinct d'agressivité dans le football est une motivation qu'il convient de ne pas négliger, mais un entraîneur conscient de sa mission et même à long terme, des intérêts réels de son équipe, doit s'efforcer de le rendre compatible avec l'indispensable « fair-play » et le noble esprit du sport qui doit rester, en permanence, un combat loyal. Il faut bien constater, cependant, qu'un certain nombre de matches dégénèrent et que l'engagement physique de bon aloi fait alors place à de continuelles violences. Incriminer le seul arbitrage dans ces cas là est chose trop facile et attitude empreinte d'hypocrisie. Evoquer la légitime défense n'est pas non plus une attitude valable même si parfois elle comporte quelques excuses. Lorsqu'un match de foot dégénère, c'est certes qu'il y a une insuffisance au niveau de l'arbitrage et bien plus que l'éducation des joueurs n'a, sans doute, pas été faite dans le bon sens. Le football, c'est bien autre chose que de donner des coups de pieds dans un ballon. Et c'est, peut-être un peu à cause de cela que le foot s'est imposé par lui-même jusqu'à devenir un fait social, et en tant que fait social, le gouvernement a été amené à le considérer. Les efficiences d'ordre physique et athlétique apparaissent à l'évidence comme l'indispensable support pour espérer la victoire. Et dans un sport de mouvement, la force, la vitesse et la puissance sont les qualités requises pour réussir. A-t-on le droit de reprocher aux joueurs de l'EST l'effort consenti pour garder leur cage vierge ? A-t-on le droit de reprocher aux joueurs du CSS l'effort soutenu pour revenir au score ? Le foot, étant un sport viril, qui représente des qualités physiques et psychiques, le risque d'accident n'est pas exclu. Toutefois, un joueur bien préparé physiquement et mentalement est rarement blessé sur terrain, parce qu'il anticipe. Et c'est le rôle de l'entraîneur, du préparateur physique, du médecin, pour ne pas gâcher la fête. Et pour reprendre les termes de M. Raouf Khalsi : « quelle est l'école du purisme, l'école des génies ? Tout le monde vous répondra : c'est celle du CSS ». Sauvons le CSS de ses démons.