L'Union régionale du travail de Tataouine a mis en garde, dans un communiqué publié hier, contre une explosion sociale dans ce gouvernorat, en raison des pertes d'emploi liées à l'arrêt de la production du pétrole et du gaz consécutif à la fermeture de la station de pompage d'El Kamour par des indécrottables protestataires réclamant la création de milliers d'emplois et le développement de la région. «Nous réitérons notre mise en garde contre une explosion sociale à Tataouine. Plus de 2000 employés pourraient se trouver au chômage en raison des promesses non tenues de l'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières (ETAP) et de son incapacité à obliger ses partenaires étrangers à jouer un rôle important dans les domaines de l'emploi et du développement régional », a précisé l'antenne régionale de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). L'Union régionale du travail de Tataouine a également appelé le gouvernement à ouvrir un dialogue sérieux avec les protestataires sur l'application de l'accord relatif au développement de la région qui a été signé en juin 2017 entre le gouvernement et les protestataires. L'UGTT, qui qui s'était portée garante de l'application de l'accord d'El Kamour, a également appelé les autorités à sauver la société de jardinage et de protection de l'environnement et à obliger les entreprises ayant conclu des accords de sous-traitance avec les sociétés pétrolières activés dans le gouvernorat de Tataouine à verser les salaires de leurs employés. Les différents champs pétroliers et gaziers situés dans le gouvernorat de Tataouine, dont l'immense gisement gazier de Nawara, sont à l'arrêt depuis environ deux semaines, en raison de la fermeture de la station de pompage d'El Kamour par les protestataires qui campent depuis près de quatre mois en plein désert. Démobilisation Face à l'inertie des autorités, la filiale tunisienne de la compagnie pétrolière autrichienne OMV a annoncé jeudi qu'elle allait procéder à la «démobilisation de son personnel opérant dans les champs pétroliers à Tataouine à cause de l'arrêt total de la production. «Cette décision a été prise, en l'absence d›horizons, avec la poursuite du sit-in d›El Kamour qui a coûté cher », a précisé à l'agence TAP Hamed Matri, le conseiller du ministre de l›Industrie et de l›Energie. La station de pompage de pétrole d'El Kamour est toujours fermée, depuis le 17 juillet 2020, suite à des protestations de jeunes chômeurs revendiquant leur droit à l'emploi. Les protestataires conditionnent la réouverture de la station du pompage par la mise en application de toutes les clauses de l'accord d'El Kamour, signé avec le gouvernement en 2017. Le conseiller du ministre de l'Industrie et de l'Energie a également précisé que a société OMV Tunisie envisage également une démobilisation de son personnel au champ Nawara. Au total, 2000 employés seront mis en chômage dans la région de Tataouine. Les salaires du personnel de la société sont déjà réduits à hauteur de 40% et une autre révision à la baisse est toujours possible. Dans une lettre adressée au président de la République fin août dernier, trois entreprises pétrolières opérant à Tataouine (OMV Tunisie, ATOG venture et la filiale tunisienne du géant italien Eni) se sont plaint de « la fermeture de la vanne d'expédition de la TRAPSA qui achemine le pétrole du sud vers le port de Skhira (Sfax) et le blocage des routes menant de Tataouine vers les sites de production ». Elles ont également, évoqué leur incapacité à faire face à cette situation «qui pourrait mener à la suspension de leurs obligations et la mise au chômage de milliers de travailleurs». Les trois sociétés se sont inquiétées en outre, «du retard de paiement de leurs factures adressées à l'ETAP pour le pétrole et à la STEG pour le gaz, pour des montants importants », selon la lettre. Rejet La coordination du sit-in d'El Kamour avait rejeté, le 13 août dernier, une offre portant sur le recrutement de 250 employés dans les entreprises pétrolières et de 500 autres dans une entreprise de jardinage. Cette offre a été faite aux protestataires lors d'une réunion avec une délégation ministérielle composée du ministre de l'Energie, des mines et de la transition énergétique, Mongi Marzouk et du ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Fethi Belhaj. Début juillet, la coordination avait également rejeté les décisions annoncées en faveur de la région de Tataouine à l'issue d'un conseil ministériel. Ces décisions portent sur le recrutement de 500 personnes avant la fin de l'année en cours, le déblocage via la Banque tunisienne de solidarité (BTS) de fonds supplémentaires au profit des institutions de microcrédit et l'organisation d'un conseil régional extraordinaire pour identifier des projets d'investissement dans le gouvernorat. L'accord signé en juin 2017 entre le gouvernement et les protestataires d'El Kamour prévoit notamment la création d'un Fonds de développement et d'investissement dans le gouvernorat de Tataouine doté d'un budget annuel de 80 millions de dinars. Il porte aussi sur le recrutement de 1500 jeunes dans les compagnies pétrolières (1000 en 2017 et 500 en 2018), et de 3000 autres jeunes dans la Société d'entretien de l'environnement et l'octroi de la subvention de recherche de travail de 500 dinars aux chômeurs.