Un couvre-feu pour reprendre le contrôle. Après de violents incidents qui ont éclaté hier20 octobre à Lagos en marge des manifestations de la jeunesse nigériane contre le pouvoir, un couvre-feu de 24 heures a été imposé par les autorités. La contestation, née début octobre sur les réseaux sociaux pour dénoncer les violences policières, s'est peu à peu étendue à des revendications contre le pouvoir central et la mauvaise gouvernance. "Les manifestations pacifiques ont dégénéré en un monstre qui menace le bien-être de notre société (...) J'impose un couvre-feu de 24 heures dans tout l'Etat à partir de 16 heures aujourd'hui", a déclaré mardi midi le gouverneur de l'Etat de Lagos, Babajide Sanwo-Olu, sur Twitter. L'immense capitale économique Lagos, peuplée de 20 millions d'habitants, était totalement paralysée depuis le matin, ses principales routes bloquées, et les écoles fermées par les autorités la veille. Plusieurs barrages étaient érigés sur les axes reliant les îles de Lagos au reste de la ville par des bandes de jeunes très énervés qui empêchaient les voitures de passer, a constaté un journaliste. Aucune pancarte du mouvement pacifique, débuté il y a onze jours dans les grandes villes du sud du pays, n'était brandie à ces barrages. Deux policiers morts depuis le début des manifestations Dans le centre de la ville, un poste de police a été incendié dans la matinée dans le quartier d'Orile Iganmu, selon plusieurs manifestants, qui imputent la responsabilité de l'incendie à des casseurs. Plusieurs coups de feu ont été tirés, selon ces sources. Depuis le début de la contestation, au moins 18 personnes, dont deux policiers, sont mortes, selon un décompte établi à partir de chiffres d'Amnesty International et de la police. Jusqu'ici, la plupart des marches s'étaient déroulées pacifiquement, les jeunes défilant, chantant, dansant et brandissant des pancartes. Dans les cortèges de ce week-end, les jeunes réclamaient notamment une hausse des salaires, plus d'emploi, la fin des coupures d'électricité, la suppression de la censure et une meilleure représentation de la jeunesse sur la scène politique.