L'armée azerbaidjanaise a repris le contrôle du district de Latchin, à l'ouest du Haut-Karabakh, dernier des trois districts qu'Erevan devait rétrocéder en vertu de l'accord de cessation des hostilités conclu il y a trois semaines. Des colonnes de camions militaires azerbaidjanais sont entrées dans le district, juste après minuit. Quelques heures auparavant, lundi en fin de journée, la route entre Latchin et Goris a été encore très empruntée, encombrée par endroits par des dizaines de véhicules de transport de troupes arméniens qui quittaient les lieux. De nombreuses autres voitures, souvent très chargées, ont circulé sur cette route avant 18 heures, le délai qui avait été accordé aux habitants pour quitter le district. Des camionnettes remplies à ras bord de meubles, de troncs d'arbres débités, de tuyaux, d'électroménager. Au bord de la route, des canalisations et des bouts de pylônes attendaient d'être embarqués : ce sont des centrales hydroélectriques qui ont été démontées. De nombreuses localités ont été évacuées ces derniers jours, bien avant la date limite, a expliqué un responsable local. En partant, des habitants ont incendié leurs maisons pour ne pas les laisser aux mains des Azéris. Corridor stratégique Ce district montagneux de Latchin est le dernier des trois districts (après ceux d'Aghdam et de Kelbajar) rétrocédés par l'Arménie à l'Azerbaïdjan. C'est ce que prévoit l'accord de fin des hostilités signé le 9 novembre, sous patronage russe, après six semaines de guerre. Cette région court du nord au sud jusqu'à l'Iran, le long de la frontière Est de l'Arménie. En son milieu, c'est le corridor de Latchin. Ce corridor est le seul lien terrestre entre l'Arménie et le Haut-Karabakh, une route essentielle pour les Arméniens. Ce couloir traverse désormais des régions reprises par l'Azerbaïdjan, mais il doit continuer d'être emprunté par les Arméniens qui souhaitent gagner le Haut-Karabakh. C'est pourquoi, cette route et les terres qui la longent sur une largeur de 5 kilomètres sont placés sous le contrôle des soldats de la paix russe. Ils sont un peu moins de 2 000, déployés dans les lieux stratégiques. Confusion Jusque tard hier soir, une incertitude planait sur le sort de plusieurs localité situées le long de cette route et en particulier celle de Latchin (« Berdzor » en arménien). Les autorités de ce bourg, situé dans les montagnes à une cinquantaine de kilomètres de Stepanakert étaient bien en peine de donner des indications claires aux habitants. Plusieurs versions ont circulé, et lundi soir encore, certains ne savaient pas quel serait le statut de leur ville. Des Arméniens inquiets et en colère, avec cette impression d'être livrés à eux-mêmes. Quant aux militaires arméniens, ils ont quitté les lieux en fin de journée, assurant qu'eux non plus n'y comprenaient pas grand-chose. Beaucoup d'habitants de Berdzor avaient de toute façon pris la décision de partir, ne voulant pas se retrouver à quelques centaines de mètres seulement de la nouvelle frontière avec l'Azerbaïdjan.