Les forces séparatistes arméniennes du Haut-Karabakh et l'armée azerbaïdjanaise poursuivaient sans relâche hier leurs affrontements, au lendemain d'une journée marquée par les bombardements de zones urbaines ayant fait des victimes civiles. Un tournant dans ce conflit, qui menace de dégénérer en guerre ouverte entre Bakou et Erevan. « Des combats armés de divers degrés d'intensité qui ont commencé pendant la nuit [de dimanche à lundi] continuent de faire rage tout au long » de la ligne de contact, a indiqué Chouchane Stepanian, une porte-parole du ministère arménien de la Défense. Le ministère des Affaires étrangères des séparatistes du Karabakh a indiqué que ce lundi matin leur capitale, Stepanakert, peuplée de 50 000 habitants, était visée par « des tirs de roquettes intensifs ». Ce dimanche soir, le président azerbaïdjanais a posé comme condition à un cessez-le feu le départ des forces séparatistes du territoire du Haut Karabakh. Mais pour l'heure, on semble bien loin d'une trêve. Car ce conflit, déclenché il y a une semaine, le 27 septembre, a connu un tournant ce dimanche. Une journée noire où les combats sur la ligne de front sont restés intenses. Selon des bilans officiels, ces bombardements, notamment aux roquettes, ont fait quatre morts parmi les habitants de la république auto-proclamée, et cinq en Azerbaïdjan. Ainsi que de nombreux blessés. Combats au-delà de la ligne de front L'Azerbaïdjan revendique la prise de plusieurs villages, dans ce que l'on appelle les « territoires occupés », autour de la province sécessionniste, notamment celui de Djabrail, ce que nie le côté arménien. Mais surtout, les combats se sont portés au-delà de la ligne de front. Dimanche matin, la capitale du Haut Karabakh, Stepanakert, a été frappée des dizaines de fois par des roquettes et autres projectiles de longue portée. Stepanakaert dormait encore hier matin quand la sirène d'alerte a retenti dans la foulée des premières explosions. Cette fois, les munitions étaient de bien plus gros calibres. Trous dans le bitume, appartements détruits, fumée noire sur plusieurs mètres de hauteur dans le ciel. Dans les rares moments de répit, les départs de civils de la capitale ont été accélérés. Ce dimanche après-midi, c'est à peine si on croisait une silhouette qui pressait le pas dans les rues. Cette attaque de Stepanakert, sans précédent depuis le début des hostilités, est une réponse, selon Bakou, à l'attaque lancée par le côté arménien sur la deuxième ville d'Azerbaïdjan, Gandja et son aéroport située à près de 100 kilomètres de la ligne de front. Tirs violents Autre ville symbole touchée dans l'après-midi, Chouchi (ou Choucha en azéri), située à 8 kilomètres de la capitale du Haut-Karabakh. Une ville citadelle du Moyen-Âge, importante pour les Arméniens comme les Azerbaïdjanais, avec des mosquées et une grande église aux pierres grises et aux peintures bibliques. Dans cette ville jusqu'ici quasi épargnée par les attaques, un tir violent aurait tué 4 personnes et blessé au moins 20 autres. Des civils se sont réfugiés dans un centre culturel de la ville. Inquiétude régionale C'est une escalade nette du conflit, même si aucun missile balistique n'a été employé. Cette montée en intensité des combats inquiète le Caucase du Sud. Cette région très sensible, située aux portes de la Russie, le traditionnel arbitre régional, la Turquie, alliée à Azerbaïdjan, et de l'Iran, n'a pas besoin d'un conflit direct entre Erevan et Bakou. Les Turcs sont déjà accusés de jeter de l'huile sur le feu en encourageant l'Azerbaïdjan à l'offensive militaire et sont fortement soupçonnés d'avoir déployé des mercenaires syriens pro-turcs au Haut-Karabakh.