Les JCC résistent ! Aujourd'hui, notre grand festival de cinéma exhibe moins de paillettes, de bling bling et de tapis rouge, mais plus de courage. Une session placée sous le signe de la prudence sanitaire et de la renaissance du cinéma agonisant depuis le début de la pandémie avec des tournages arrêtés, des salles fermées et un public absent. Prévues initialement du 7 au 12 novembre, les Journées Cinématographiques de Carthage ont été reportées vu les raisons qu'on connait, (crise sanitaire mondiale), pour la date du 18 au 23 décembre 2020. Une décision qui n'a pas été prise par entêtement, mais par amour pour la vie, selon les déclarations de Ridha Behi, directeur de la 31ème édition des JCC, pour qui, le maintien de cet événement d'envergure arabo-africaine et internationale, est une volonté de vénérer les lieux de vie, de débats d'idées et de culture qui demeurent un des plus efficaces remparts contre l'ignorance et l'intolérance. La question d'organiser les JCC sur une plateforme virtuelle s'est posée par moments, rappelle quant à lui, Brahim Ltaief, directeur artistique du festival. « Nous y avons résisté, dit-il, pour les maintenir dans les salles de cinéma, parce que nous avons misé entre autres, sur l'humain face aux modèles de nombreux festivals numériques handicapés par le manque d'échange et de contact... ». Fêter le cinéma tunisien Quoi de plus belle occasion que celle de célébrer le cinéma tunisien et tous ceux qui y ont contribué. Une édition exceptionnelle qui va fêter la mémoire du festival pour nous faire revivre de grandes émotions avec la programmation de films qui ont marqué son histoire depuis sa création en 1966. Et ce, à travers le regard de nos brillants cinéastes. Le coup d'envoi des JCC sera donné ce soir (à 17H00 à la salle de l'Opéra, Cité de la Culture). Sami Bennour, animera la cérémonie inaugurale durant laquelle, les convives auront droit à une sélection de six courts métrages autour du thème, « Remake coup de cœur JCC 1966-2019 ». Initiée par la direction artistique du festival en partenariat avec le Centre National du Cinéma et de l'Image, cette belle sélection est composée de : « Le réverbère » de Tarak Khalladi, « Le temps qui passe » de Sonia Chamkhi, « Sur les traces de Saida » de Faouzi Chelli, « Manda » de Heifel Ben Youssef, « Noir 2 » de Habib Mestiri, et « La Noce » de Alaeddine Abou Taleb. Les moments forts des JCC seront par ailleurs, les projections en avant-première de nouveaux films ayant été récompensés par plusieurs prix lors de leur passage dans de prestigieux festivals. Cette année, on va découvrir un documentaire et quatre longs métrages dont une première arabe et africaine. Il s'agit du film tant attendu et primé à Venise, « L'homme qui a vendu sa peau » de Kaouther Ben Hania ; « La nuit des rois » de Philippe Lacôte ( Côte d'Ivoire) ; « 200 mètres » de Ameen Nayfeh (Palestine) ; « Harba » de Ghazi Zaghbani avec Nadia Boucetta, et le documentaire, « Disqualifié » de Hamza Ouni. Revenir dans les salles Même si les compétitions officielles feront défaut cette année, les JCC seront l'occasion de donner envie au public de revenir dans les salles après des mois d'absence pour savourer une sélection de 34 longs et 35 courts métrages arabes et africains qui ont marqué l'histoire du festival ces cinquante quatre dernières années, sans oublier Les Tanits tunisiens (21, dont « Fatwa » de Mahmoud Ben Mahmoud, « Vent du nord » de Walid Mattar, « Arab » de Jaibi et Jaziri, « Peau de colle » de Kaouther Ben Hania, « BrotherHood » de Myriam Joober)... Une bonne partie du programme est réservée par ailleurs, aux hommages (Mohamed Hondo, Djibril Diop Mambetty, Selma Baccar et Abdellatif Ben Ammar), Coups de cœur et Cartes blanches... Sans oublier, les projections de films récents en première vision et les rencontres professionnelles, « Chabaka » et « Takmil ». L'autre clou de l'événement, le Forum consacré au devenir des JCC qui sera organisé par l'universitaire, producteur et critique de cinéma, Kamel Ben Ouannès . Une réflexion autour de la mission des JCC hier, aujourd'hui et demain, focalisera l'intérêt des participants au forum en vue d'évaluer les recommandations des quatre panels organisés de mai à septembre 2020, avec la participation de professionnels, critiques, universitaires, économistes et juristes. Cinéma dans les prisons Cinéma dans les prisons. Pourquoi pas ? Depuis sa création en 2015, cette section a pour but de faire découvrir des films aux détenus des Institutions pénitentiaires. Une expérience d'envergure notable réalisée en partenariat avec le ministère de la justice, la direction générale des prisons et de la rééducation, et en coopération avec l'organisation mondiale contre la torture (OMCT). Ainsi, les résultats ont montré qu'on a pu atteindre 8 milles prisonniers sur le territoire tunisien qui ont bénéficié du droit à la culture, grâce au 7ème Art. Lors de cette édition, 12 milles détenus auront l'opportunité de prendre part aux séances de projection, et ce, dans 5 structures pénitentiaires, à savoir : Oudhna, Siliana, Sidi Bouzid, Sfax et Borj El Amri où seront présentés les films suivants : « L'homme qui a vendu sa peau » de K. Ben Hania, « Disqualifié » de Hamza Ouni, « Un fils » de Mehdi Barsaoui, « True story » de Mohamed Amine Lakhnech et « Fatwa » de Mahmoud Ben Mahmoud. Pour le bonheur des automobilistes amoureux du cinéma, un drive-in ou Ciné park sera organisé du 19 au 23 décembre à partir de 17H30, au Parking de la Cité de la Culture qui accueillera 300 voitures. Au programme, des projections d'une séance par jour, des films comme : « Visa » de Brahim Ltaief, « Ali Zaoua » de Nabil Ayouch, « Peau de colle » de K. Ben Hania, « Le ballon d'or » de Cheikh Doukouré, « Linge sale » de Malik Amara, « Halfaouine » de Férid Boughedir, «Casting pour un mariage » de Farès Naanaa, « Essaida » de Mohamed Zran, « TRue story » de Mohamed Amine Lakhnach, et « Attitude » d'Inès Ben Othman. Avec les Journées Cinématographiques de Carthage, tous les rêves sont permis ! S.B.Z