Parmi les fléaux qui rongent les sociétés figure insidieusement la prostitution qui n'est point spécifique à une couche sociale déterminée, bien qu'on ait tendance à l'attribuer à ceux qui sont démunis, sous le prétexte qu'ils s'adonnent à ces pratiques répréhensibles pour survivre. Toutefois, on a tendance à oublier que même chez ceux qui vivent dans l'opulence, il existe des personnes qui y trempent à leur manière, en y goûtant le plus souvent par luxure tandis que pour le commun des mortels, ce pêché ne concerne que ceux qui y sont acculés par pure nécessité. Le plus vieux métier du monde a été de tous temps combattu par l'ensemble de la planète. Notre pays, toujours à l'avant-garde, s'est bien entendu doté d'une arme efficace pour anéantir ce vice en mettant sur pied, au sein de sa police nationale, une brigade spécialisée en la matière. C'est la brigade des mœurs qui vient de réussir un spectaculaire coup de filet dans la capitale et ses environs. Ayant eu vent de nombreuses histoires coquines, les agents de la police judiciaire de L'Ariana ont dressé un plan minutieux qui leur a permis de donner un grand coup de balais dans la fourmilière. Après avoir repéré les nids de débauche disséminés un peu partout dans un périmètre englobant la ville des roses et les cités huppées d'El Manazeh et d'Ennasr, ils décidèrent alors d'opérer des descentes fructueuses dans ces appartements meublés loués à prix d'or aux amateurs de chair fraîche. Il est vrai aussi que le ballet incessant des voitures luxueuses devait finalement attirer l'attention des voisins qui dénoncèrent à la police ce curieux manège nocturne. Il s'agissait en fait d'apartés amoureux qui comblaient à la fois et les clients de passage et les filles de joie dont les faveurs étaient royalement payées. La police, entrant en action, ne tarda pas à mettre fin à ces soirées tumultueuses au cours de laquelle l'alcool coulait à flot avant de céder la place à la friponnerie la plus abjecte. Quand les forces de l'ordre sont intervenues, le voisinage a poussé un ouf de soulagement. Munies d'une commission rogatoire, elles ont investi intempestivement les lieux de débauche où un joli beau monde, estimé à une vingtaine de dévoyés, s'activait jusque-là impunément, loin des regards indiscrets. Le rideau est brusquement tombé et le réseau de prostitution a volé en éclats. Tous ses membres ont été écroués dont une jeune femme divorcée. Le juge d'instruction chargé de l'affaire devait notamment les accuser d'incitation à la débauche conformément à l'article 231 du code pénal.