Pour cette fin d'année 2020, Olga Malak a réservé un très beau cadeau aux amoureux des arts plastiques en les invitant à découvrir sa nouvelle collection « Karthago & Miscellanées » lors de son exposition qui se déroule actuellement à la galerie Imagin à Carthage Dermech et qui se poursuit jusqu'au 15 janvier 2021. Que de tableaux aux différents formats, que de couleurs, que de lumières illustrent l'histoire de Carthage et interpellent notre mémoire ! Dès qu'on rentre dans la galerie, on se croit dans un monde fabuleux, un monde onirique ! En se baladant à travers les cimaises, on a l'impression de feuilleter un livre d'histoire, plein d'évènements, de contes, de fables, de personnages héroïques et de scènes sordides. Sauf que ce livre d'histoire est écrit au moyen d'un pinceau et par les doigts d'une fée qui n'est autre que l'artiste-peintre russo-tunisienne Olga Malak (c'est ainsi que je l'appellerai dorénavant, puisqu'elle préfère signer ses œuvres par le diminutif « Malak » qui rappelle d'ailleurs un même prénom féminin tunisien !) L'artiste a su révéler dans ses œuvres toute la richesse et la diversité de Carthage antique et, par là-même, tous les charmes de la Tunisie, terre où elle réside depuis longtemps et qu'elle aime tant ! Dans cette exposition, dédiée totalement à la femme tunisienne, l'artiste a recours à une imagination débordante et une maitrise parfaite de l'art pictural. C'est une invitation à un voyage dans l'histoire et dans la mémoire, mais aussi à un hommage rendu à la femme, la reine Didon (ou Elyssa), fondatrice de Carthage. D'ailleurs, la femme est omniprésente dans cette exposition à travers l'image de Didon. On la reconnait dans le tableau intitulé « Imbecillitas sexus » (le sexe faible), représentant un corps sans tête, allusion faite à une ancienne opinion qui confinait la femme uniquement à la reproduction. On la voit cependant représentée dans d'autres situations où la femme, Elyssa, se révèle dans toute sa splendeur, sa féminité, sa beauté et son éclat, comme dans la toile intitulée « La Dame de Carthage » et dans d'autres toiles non moins significatives qui relatent l'héroïsme et les prouesses de la femme tunisienne à travers les époques. L'exposition comprend également une collection de petits formats traitant du même sujet, intitulée « Terracotta », où chaque toile traitée en technique mixte représente un icône, une figure ou une allégorie faisant allusion à cette époque carthaginoise, tels que « Basile », « Oiseau », « Rosace », « Crucifix », « Lion », « Cerf »... A vrai dire, l'époque carthaginoise n'est qu'un prétexte pour faire valoir un patrimoine culturel très riche qui s'est ancré à travers les siècles dans nos contrées. C'est ainsi que l'artiste fait apparaitre dans ses toiles, faites essentiellement en acrylique ou en technique mixte, des signes et des symboles, appartenant non seulement à l'ère carthaginoise mais aux diverses époques de notre histoire . Elle les utilise savamment et sciemment et chaque élément semble avoir une fonction particulière (poissons, chevaux, oiseaux, plantes, fruits...). Cependant, le visiteur aura tendance à interpréter chaque toile à sa guise. De même, les éléments imaginés et peints (personnages, animaux, objets...) par l'artiste semblent suggérer un sens d'humour et de fantaisie, de par leur allure, leur apparence et leur posture, ce qui rajoute une dimension de gaité et de bonne humeur à l'ensemble de l'œuvre. Dessin et peinture entretiennent ici une grande conformité. Les couleurs sont claires et gaies et bien agencées. L'artiste est sans doute impressionnée par l'époque carthaginoise et par le patrimoine culturel de la Tunisie, si bien qu'elle nous livre des chefs-d'œuvre illustrant et immortalisant notre mémoire collective ineffaçable, conçues et réalisées avec beaucoup de tact et de sensibilité. H.K