Partis politiques, société civile et députés n'ont pas pris au sérieux l'initiative d'une réunion tripartite, proposée par Rached Ghannouchi, surtout qu'elle intervient à un moment où le Quartet propose un dialogue qui réunit tout le monde. La proposition du chef d'Ennahdha ne serait qu'un trompe-l'œil. Les manœuvres dilatoires sont pointées du doigt, surtout que l'objectif final, selon Abir Moussi, est de destituer Kaïs Saïed. L'initiative d'une réunion tripartite, avancée par le président de l'Assemblée des représentant du peuple (ARP) Rached Ghannouchi pour résoudre la crise, n'engage en rien le parlement, ont affirmé dimanche, les deux députés Hatem Mliki et Noomane El Euch. Pour Noomane El Euch (Groupe démocratique), l'initiative de Rached Ghannouchi est «surprenante» dans la mesure où elle n'a pas été discutée ni en plénière ni en réunion du bureau du Parlement «Il s'agit d'une initiative purement personnelle qui n'engage en rien l'ARP », a-t-il déclaré. Pour sa part, l'élu Hatem Mliki (Hors groupe) a souligné que l'initiative de Rached Ghannouchi pour mettre fin à la crise a été examinée par les structures du mouvement Ennahdha, assurant que les députés sont aujourd'hui unanimes à souligner que cette initiative n'engage en rien le parlement. « L'initiative de Rached Ghannouchi n'engage que lui », a encore souligné Mliki. D'après Mliki, cette initiative vise à barrer la route à toute proposition qui serait avancée par les organisations nationales, en allusion à l'initiative du Quartet, parrain du dialogue. Le président du parlement, Rached Ghannouchi, avait adressé une correspondance au président de la République, Kaïs Saïed, «garant de l'unité nationale», lui proposant l'organisation d'une rencontre «le plus tôt possible» afin de trouver une solution à la crise politique que traverse le pays. Rached Ghannouchi propose une réunion entre le chef de l'Etat, le chef du gouvernement et le président de l'Assemblée des représentants du peuple. Dans sa lettre, le président de l'ARP insiste sur l'impératif d'envoyer «des messages positifs aux Tunisiens et au monde entier» et de prouver, ainsi, que «malgré les différences et la recrudescence des discours de division, la Tunisie reste un Etat de droit et des institutions». Saïed «fait partie du problème» Sur un autre plan, Abir Moussi, la présidente du bloc du Parti destourien libre (PDL), a estimé, dimanche que le président Kaïs Saïed «fait partie du problème» et assume une part de responsabilité dans les différentes crises qui secouent le pays. Pour elle, le conflit qui perdure entre le chef de l'Etat et le président du Parlement Rached Ghannouchi, n'est guère pour des principes, mais plutôt pour des prérogatives. Lors d'un rassemblement de protestation, dimanche, à Sousse, contre la politique poursuivie par les trois présidents, Moussi a dénoncé le blocage constaté dans le fonctionnement des institutions de l'Etat, mettant en garde contre toute vacance dans les portefeuilles ministériels régaliens face aux menaces terroristes qui guettent le pays et à la propagation de l'épidémie de coronavirus. «Les partisans du PDL continueront à descendre dans la rue pour protester pacifiquement», a-t-elle assuré, promettant de lutter contre la mauvaise gestion de l'administration et de faire face au désordre, selon ses dires. D'après Moussi, Le PDL exige des solutions radicales à travers l'engagement d'un dialogue profond, en allusion à l'initiative avancée par le Quartet, parrain du dialogue national pour sortir le pays de la crise. S'agissant de la polémique éclatée au sujet de l'élection des membres de la Cour constitutionnelle, Moussi a indiqué que son groupe parlementaire ne participera à la séance plénière du vote, estimant que le mouvement Ennahdha insiste sur la création de cette juridiction pour « destituer » le président de la République.