-Agences- L'UE a jugé, hier, la situation dans le nord de l'Ethiopie, en proie à de sanglants combats, « militairement et humainement incontrôlable». La crise dans la région éthiopienne du Tigré, théâtre d'un conflit entre ses autorités dissidentes et le pouvoir fédéral, semble « hors de contrôle », a averti hier le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, de retour d'une mission pour l'Union européenne (UE). « La situation est militairement, humainement et sur le plan humanitaire, incontrôlable », a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec la presse à Bruxelles. Pekka Haavisto a réitéré les appels urgents de la communauté internationale pour que le gouvernement éthiopien autorise un accès humanitaire total au Tigré. Afflux de réfugiés en Europe Le ministre finlandais a averti que le Soudan voisin avait du mal à faire face à l'afflux de dizaines de milliers de Tigréens qui y ont fui et que ces réfugiés risquent de vouloir gagner l'Europe, évoquant « le début d'une autre crise de réfugiés potentiellement importante dans le monde ». Le Tigré est le théâtre de combats depuis début novembre 2020, après la décision du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed d'envoyer l'armée éthiopienne en déloger le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirigeait alors la région et contestait depuis plusieurs mois l'autorité du gouvernement fédéral. Entrave à l'aide humanitaire Les troupes éthiopiennes ont pris la capitale régionale Mekele fin novembre, mais le TPLF a assuré continuer la lutte et des affrontements continuent d'être signalés, entravant l'acheminement de l'aide humanitaire. « Cette opération a duré plus de trois mois et nous n'en voyons pas la fin », a commenté Pekka Haavisto. Il a déploré que les dirigeants éthiopiens n'aient pas réussi à fournir une « image claire » de la situation au Tigré, notamment concernant l'implication largement documentée des forces de l'Erythrée voisine, malgré les dénégations d'Addis Abeba et d'Asmara. La Commission européenne a en décembre suspendu le versement de quelque 90 millions d'euros (98 millions de francs) d'aide budgétaire à l'Ethiopie, faute pour Addis Abeba de garantir un accès humanitaire total au Tigré.