Cinq jours après que le Premier ministre Abiy Ahmed a annoncé que l'armée fédérale avait repris la ville de Mekele, bastion du Parti de libération du peuple du Tigré, les combats se poursuivent dans certaines zones de cette région, déplore l'agence des Nations unies. Depuis quelques jours, un corridor humanitaire aurait dû voir le jour, mais les ONG n'ont toujours pas pu accéder au terrain. Pendant ce temps, les réfugiés continuent de traverser massivement la frontière, quand ils n'en sont pas empêchés. Cela fait une semaine que le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé la victoire de ses troupes engagées dans la région dissidente du Tigré. Cependant les combats continuent, comme l'affirment le parti tigréen TPLF et des sources diplomatiques. Les télécommunications sont toujours coupées dans la région depuis un mois, et plus de trois millions de personnes seraient en besoin d'aide humanitaire. L'aide humanitaire tarde à venir, notamment car le gouvernement éthiopien limite l'accès des humanitaires uniquement aux zones qui sont sous son contrôle. Pour l'Union européenne, ce n'est pas acceptable. En visite au Soudan et à Addis-Abeba, le Commissaire européen pour la gestion des crises, Janez Lenarcic, demande davantage d'efforts aux autorités éthiopiennes, notamment pour donner un accès humanitaire complètement libre et indépendant au Tigré. « Ce sont les organisations humanitaires qui décident où, quand et à qui elles peuvent porter assistance. Cela ne doit pas être décidé par le gouvernement. Les limites imposées sont inacceptables », tance-t-il. Les télécommunications restent coupées L'Union européenne tente encore de raisonner les différentes parties du conflit. Il est encore trop tôt pour parler de pressions financières, assure-t-il. « Nous n'y sommes pas encore et je ne peux pas prédire si nous arriverons à ce point. Aujourd'hui nous sommes à un stade où nous demandons de façon respectueuse de se conformer aux normes internationales. » Principal obstacle à la gestion de crise, selon Janez Lenarcic, le black-out des télécommunications. La province est toujours coupée du monde depuis plus d'un mois maintenant. « Si vous voulez lutter efficacement contre la désinformation, ouvrez donc le Tigré ! Restaurez les télécommunications, donnez un accès aux humanitaires et autorisez les enquêtes pour faire la lumière sur les atrocités commises. Ce n'est pas compliqué. » Des soldats éthiopiens barrent la route aux civils en fuite Pour l'heure, toujours aucun convoi humanitaire n'a pu intervenir au Tigré. Le conflit a fait plusieurs milliers de morts, selon International Crisis Group et des dizaines de milliers de déplacés et réfugiés. Ainsi, ce mercredi, l'agence de l'ONU pour les réfugiés a dénombré plus de 47 000 réfugiés sur le territoire soudanais. Les réfugiés continuent de traverser la frontière soudanaise, mais ils sont de moins en moins nombreux car l'armée éthiopienne serait en train de leur bloquer le passage. Vers 6 heures du matin, vendredi, un groupe de réfugiés tentaient de traverser en bateau la rivière Tekezé qui sépare l'Ethiopie du Soudan. Mais des soldats ont surgi pour les en empêcher. Ils ont fait descendre tous les passagers et les ont renvoyés en Ethiopie. La scène nous est décrite par des humanitaires sur place. Ce n'est pas la première fois cette semaine que des soldats éthiopiens tentent de bloquer les traversées nous confirment des sources militaires soudanaises. Exécutions sommaires Ces récits viennent corroborer les témoignages de nombreux réfugiés Tigréens dans les camps au Soudan. Ils accusent l'armée fédérale éthiopienne de retenir des milliers de civils qui tentent de fuir les combats au Tigré. Certains parlent de check-points barrant les routes, d'autres d'enrôlements forcés dans l'armée, allant jusqu'à des exécutions sommaires pour ceux qui ne se plieraient pas aux ordres des militaires ou des miliciens Amharas qui contrôlent la zone. Pour sa part, l'armée fédérale assure que la situation est retournée à la normale côté éthiopien et que les réfugiés peuvent rentrer en toute sécurité. Mais ils sont toujours plusieurs centaines à traverser chaque jour la frontière. Leur nombre s'est réduit mais les ONG sont inquiètes, car ces exilés empruntent de nouveaux points de passage et prennent de plus en plus de risques pour trouver refuge au Soudan.