Une coordination réunissant quatre blocs parlementaires est en gestation à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Cette coordination regrouperait quelque 67 députés de députés issus de Qalb Tounès (30 députés) et Tahya Tounès (10 députés) ainsi que du bloc de la réforme (18 députés) et du bloc national (9 députés). Le bloc de la réforme est composé de députés élus sur des listes indépendantes ainsi que sur les listes de Nidaa Tounès, Afek Tounès et Machrou Tounès, tandis que le bloc national est composé essentiellement de députés démissionnaires de Qalb Tounès et Tahya Tounès. Les représentants de quatre partis et blocs concernés par la coordination ont déjà tenu deux réunions pour tenter de raccorder leurs violons. La dernière réunion en date s'est tenue jeudi à l'ARP avec la participation du président du bloc Qalb Tounès, Oussama Khélifi, du député de Tahya Tounès Walid Jalled, du président du bloc de la réforme Hassouna Nasfi et du président du bloc national Ridha Charfeddine. «Lors de cette réunion, il a été convenu de «coopérer pour unifier les positions sur les grandes questions de l'heure et en premier lieu la crise politique qui prend en otage le pays », souligne le député Walid Jalled. Et d'ajouter : «La coopération pourrait s'intensifier et la coordination pourrait prendre une autre forme ultérieurement». Selon des sources proches du bloc de la réforme, les quatre blocs parlementaires se sont mis d'accord sur la nécessité de soutenir l'actuel gouvernement de Hichem Mechichi et rejeté la mobilisation de la rue pour la résolution de la crise politique, référence aux démonstrations de force organisées ces derniers jours par le Parti Destourien libre et le mouvement islamiste Ennahdha. Qalb Tounès, Tahya Tounès, le bloc de la réforme et le bloc national devraient d'autre part se concerter autour de l'élection des membres de la Cour constitutionnelle par l'Assemblée et de l'amendement du la loi électorale prévus dans les semaines à venir. La coordination pourrait aussi concerner la signature et le vote de la motion de censure contre le président de l'ARP, Rached Ghannouchi. Rassembler la famille centriste Outre la coopération autour des questions de l'heure, la nouvelle coordination parlementaire vise, dans une deuxième étape, à rassembler la famille centriste afin qu'elle puisse peser sur le cours des événements durant la période à venir et obtenir des scores honorables durant les prochaines élections législatives et présidentielle. Il s'agit en somme d'une tentative de redonner vie à Nidaa Tounès, le parti créé en 2012 par feu Béji Caïd Essebsi pour faire contrepoids à Ennahdha sans pourtant l'exclure du paysage politique, comme le suggère le Parti destourien libre d'Abir Moussi. Nidaa Tounès, qui fut une superbe machine électorale conçue sur mesure pour Béji Caïd Essebsi, est parti en lambeaux sous l'effet des luttes intestines qui l'ont secoué. Ce parti porteur d'un projet moderniste réformateur avait remporté 86 sièges à l'Assemblée des représentants du peuple sur un total de 217, en 2014. Mais l'alliance contre-nature nouée alors avec le mouvement Ennahdha et les querelles de leadership nourries par l'ambition dévorante de Hafedh Caïd Essebsi de faire main basse sur les divers rouages du parti lui ont valu la défection de l'essentiel de ses députés. Une constellation de petites formations fondées par d'anciens membres fondateurs de Nidaa Tounès, dont Tahya Tounes (Youssef Chahed et Slim Azzabi), Machrou Tounes (Mohsen Marzouk), Tounès Awalan (Ridha Belhaj) et Bani Watani (Saïd Aïdi) s'est ainsi constituée, accentuant l'émiettement du camp progressiste. Lors des élections législatives du 6 octobre dernier, Nidaa Tounès a été laminé dans les urnes et n'a obtenu que trois sièges à l'ARP. W.K.